Pierre Perrin-Monlouis Dernière mise à jour: 21 octobre 2021
Les années folles, d’après guerre, sont des années où les français essayent d’oublier la première guerre mondiale de 14-18. Les français s’intéressent à la finance, à la bourse. La période est à l’espoir. Mais avec parfois bons nombres de déboires. Marthe Hanau est l’un de ces déboires, de ces errements de l’histoire de la bourse française.
Née le 1er janvier 1886 à Paris, Marthe Hanau est issue d’une famille de commerçants juifs d’Alsace. A l’époque où les familles versent encore des dots, elle se marie avec Lazare Bloch, à l’âge de 22 ans. Ce dernier perdra sa dot au jeu et elle divorcera rapidement.
Après la première guerre mondiale, elle ouvrira une usine de parfumerie. Ce premier pas dans le monde des affaires l’incitera à aller plus loin. Dès 1925, elle se lance dans le monde de la finance. Un monde typiquement masculin à l’époque. Elle y publiera la Gazette du Franc. Cette revue débat sur la monnaie française, le Franc, et notamment de sa défense. Mais au fur et à mesure, la Gazette du Franc devient un recueil de conseils boursiers. Elle devient si réputée que certaines valeurs évoluent au gré des recommandations à l’achat ou à la vente. Elle ne fait plus que conseiller, elle oriente les marchés.
Grâce à la réputation de la Gazette du Franc, Marthe Hanau veut devenir “la Banquière” des petits épargnants. Elle propose ainsi à tous les épargnants de placer leur argent à des taux d’intérêt encore jamais vus. Sa réussite fait naître les rancunes et les jalousies. A l’époque, les placements les plus intéressants ne sont proposés qu’aux grandes fortunes, et Marthe Hanau souhaite offrir les mêmes taux aux particuliers. Tous les montants de souscriptions sont acceptés, même les plus faibles.
Mais Marthe Hanau n’est peut être pas la défenseuse des petits épargnants qu’elle se plait à faire croire. Ses taux de placements sont plus ou moins farfelus. Les taux sont bien supérieurs à tout ce qui peut se faire sur le marché. En réalité, elle finance les fortes rémunérations des actionnaires grâce à l’argent des nouvelles souscriptions. La Gazette du Franc se révèle en fait être un outil destiné à faciliter l’introduction de sociétés qu’elle détient et qu’elle a créé. Une fois qu’elle ne les soutient plus, ces valeurs s’effondrent. Autrement dit, elle verse aux anciens souscripteurs leurs intérêts en prélevant les sommes sur le compte des nouveaux souscripteurs.
Tout ceci la conduise a être arrêtée le 4 décembre 1928 pour escroquerie et abus de confiance. Ses séjours en prison alternent avec ses libertés sous caution. Le public lui restera fidèle, et elle promet de les rembourser. Elle finira par être libérée et publiera la Gazette des Nations. Mais ce renouveau personnel ne durera pas. Elle sera arrêtée une nouvelle fois le 8 avril 1832, et se suicidera le 14 juillet 1935 à la prison de Fresnes après avoir été condamnée à 3 ans de prison ferme. Les investisseurs échaudés ont alors perdu confiance pour bons nombres dans les marchés financiers et boursiers.
Son destin hors du commun sera repris en 1980 au cinéma par Francis Girod, “La Banquière“. Son rôle sera repris par Romy Schneider. Romy Schneider n’y incarne toutefois pas une femme aussi malhonnête que Marthe Hanau.