19 octobre 2021 Pierre Perrin-Monlouis
L’an 2000 a été riche en événements pour Renault, qui poursuit sa politique de croissance rentable basée sur l’innovation, la réduction des coûts et le développement international.
Renault a travaillé activement en 2000 avec Nissan à la consolidation de l’Alliance. Le groupe bi-national, créé par l’entrée de Renault à hauteur de 36,8% dans le capital de Nissan en 1999, s’édifie à un rythme soutenu. L’Alliance Renault-Nissan est, à ce jour, un des rapprochements d’entreprises qui a débouché sur le plus grand nombre de projets communs dans un délai aussi court. La plupart de ces projets, dont la mise en œuvre va être facilitée par le redressement rapide de Nissan, engagent profondément l’avenir des deux partenaires, notamment dans le domaine des plate formes et des composants mécaniques, mais aussi dans celui du développement conjoint des deux marques sur les grands marchés internationaux.
Après l’acquisition de Dacia en 1999, l’entrée de Samsung Motors dans le périmètre de l’entreprise donne au groupe Renault une troisième marque automobile, tandis que l’accord avec AB Volvo signé en juillet, assoit la présence stratégique de Renault dans l’industrie du poids-lourd, avec la prise de 20% du capital du 2ème groupe mondial de véhicules industriels à la suite de l’apport de Renault VI et Mack au groupe Volvo.
La rentabilité du groupe donne à Renault les moyens de sa politique de croissance, avec une marge opérationnelle de 5 % du chiffre d’affaires et un bénéfice net de 1 080 millions d’euros (7 082 millions de francs). Après la mise en œuvre réussie de son premier plan de réduction des coûts, Renault engage un nouveau plan de 3 milliards d’euros sur les années 2001 à 2003.
Commercialement, Renault a confirmé en 2000 sa place de 1ère marque en Europe occidentale (VP+VU) Hors Europe et consolidé son développement international, avec des ventes hors d’Europe en hausse de 23%.
Le déploiement de l’Alliance Renault-Nissan s’accélère
Depuis la prise de participation de 36.8% dans le capital de Nissan en mars 1999, Renault a activement travaillé avec son partenaire à la construction de l’Alliance. Le succès du Nissan Revival Plan, essentiel pour le succès de l’Alliance Renault-Nissan, a permis à Nissan de revenir aux profits plus vite que prévu. Les deux partenaires se sont engagés dans la mise en œuvre de multiples synergies qui fondent le futur groupe bi-national :
Dans le domaine de l’ingénierie, la conception de la première plate-forme commune, dite “ plate-forme B ”, est achevée. Dans le respect de l’identité de chaque marque et des spécificités de chaque produit, elle servira de base aux véhicules qui remplaceront les Nissan Micra (March au Japon) et Cube, ainsi que les Renault Clio et Twingo. Le premier véhicule assemblé sur cette plate-forme sera la Micra en 2002. Par ailleurs, Renault et Nissan viennent d’annoncer leur décision de développer une nouvelle plate-forme commune dédiée au segment C. La plate-forme C servira d’abord de base aux véhicules qui remplaceront les Renault Mégane fin 2002, puis, deux ans plus tard, ultérieurement, aux nouveaux véhicules du segment C développés par Nissan. A travers sa politique de plates-formes communes, l’Alliance Renault-Nissan vise, outre les économies d’échelles, une rapidité de développement accrue, une rationalisation technique et une flexibilité de l’outil industriel des deux partenaires. Une coordination à long terme des plans gamme de Renault et de Nissan a été élaborée, dont l’objectif est le partage en 2010 de 10 plates-formes communes, avec des modèles clairement différenciés et dotés des caractéristiques propres à chaque marque.
Dans le domaine des organes mécaniques, une planification globale, liée à celle des plates-formes, est en cours de finalisation. Un premier projet de moteur commun, un petit moteur Diesel commun a été lancé. Des échanges croisés d’organes ont aussi été décidés. Renault utilisera ainsi le moteur V6 3,5 l et des transmissions à 4 roues motrices d’origine Nissan. Nissan montera sur ses petits véhicules une boîte de vitesse mécanique à couple réduit de Renault. Le deux partenaires ont pour objectif, à l’horizon 2010 , de partager 8 familles de moteurs et 7 familles de transmissions, pour les véhicules à traction avant.
En recherche et ingénierie avancée, Renault et Nissan travaillent conjointement notamment sur les questions de l’allégement des véhicules, de la dépollution, des systèmes de navigation, des véhicules et moteurs hybrides, des piles à combustibles et des systèmes asservis électroniquement.
Dans le domaine des achats, la mise en œuvre d’une politique coordonnée au niveau mondial apportera une forte contribution aux synergies entre les deux groupes, évaluées à 3,3 milliards de US$ pour la seule période 2000-2002 permettra à l’Alliance de dépasser ses objectifs et d’atteindre 1,7 milliard de US dollars d’économies conjointes entre 1999 et 2002. Renault et Nissan ont par ailleurs rejoint Covisint, première plate-forme mondiale d’échange internet “ business to business ”.
Le déploiement géographique de l’Alliance se poursuit. Ensemble, Renault et Nissan ont commercialisé 5 millions de véhicules automobiles en 2000. Avec une part de marché mondiale pour l’Alliance de plus de 8,9%, Renault et Nissan sont parmi les six premiers constructeurs mondiaux. Une politique coordonnée est engagée, l’entreprise la mieux implantée apportant son soutien à son partenaire sur chaque marché où se présente une opportunité de croissance. En Europe, Renault et Nissan mettent en place une organisation commerciale commune dans sept marchés , s’appuyant sur les forces de Renault, dans le respect de l’identité et de la séparation des marques. Elle permettra de dégager des économies d’échelle estimées à 1 milliard d’euros sur 5 ans (2000-2005) et de porter la part de marché cumulée de Renault et de Nissan en Europe occidentale à 17%. Pour leur réseau de distribution, Renault et Nissan s’appuieront sur des distributeurs communs, plus puissants qui animeront sur un territoire déterminé un réseau local de concessions distinctes. Au Mexique, Renault vient de commercialiser son premier véhicule, Scénic, grâce à l’appui des capacités industrielles et commerciales de Nissan. Scénic y est désormais produit dans l’usine Nissan de Guernavaca. Au Mercosur, Nissan va accroître sa présence, avec le soutien des forces industrielles et commerciales de Renault en investissant 300 millions de dollars d’ici à 2005. Au Japon et dans la zone Asie-Pacifique, Renault bénéficie de l’appui de Nissan pour développer ses ventes : ce sera le cas notamment en Australie et à Taiwan dans le courant de l’année 2001.
Enfin, de nombreux autres chantiers communs, ont été lancés dans les domaines de la fabrication et de la logistique, des démarches qualité, des systèmes d’information, des activités juridiques et fiscales, du contrôle des coûts ou des ressources humaines. L’échange des meilleures pratiques soutient systématiquement ces chantiers.
Le retour de Nissan aux profits, avec une marge opérationnelle consolidée qui représente 4,5% du chiffre d’affaires pour le premier semestre de l’année fiscale 2000, démontre le succès du Nissan Revival Plan dont l’ampleur et la rapidité de mise en œuvre dépassent les prévisions initiales. Il se traduit dans les résultats du second semestre de Renault par une contribution positive de 453 millions d’euros, qui comprend l’amortissement du goodwill semestriel de 21 millions d’euros. Au total, sur l’ensemble de l’année 2000, Nissan apportera une contribution positive au résultat de Renault de 56 millions d’euros (y compris amortissement annuel du goodwill).
Samsung Motors, une nouvelle marque pour le groupe Renault
Renault a pris le 27 avril 2000 le contrôle de Samsung Motors à travers la création d’une société conjointe, Renault Samsung Motors (70,1% Renault, 19,9% Samsung Group) dont l’objectif est de vendre sous la marque Samsung, d’ici 2004, 150 000 à 200 000 véhicules en Corée. Cet accord permet à Renault d’être le premier constructeur étranger à établir une base industrielle et commerciale en Corée, second marché d’Asie. Avec la création de cette nouvelle société, Renault conforte son positionnement de groupe multinational et multimarques.
Renault développe les activités du constructeur automobile roumain Dacia, dont il contrôle 80,1% du capital. Renault investit 1,387 milliard de francs (219,7 millions de US$ ; 211 millions d’euros) sur 5 ans pour moderniser les installations commerciales et industrielles de Dacia. L’objectif de Renault est de confier à terme à Dacia la production d’un véhicule moderne, entièrement nouveau et spécifiquement conçu pour les marchés émergents, dont le prix de vente sera inférieur à 5 000 euros. Ce véhicule sera vendu à partir de 2004, d’abord en Roumanie et en Europe Centrale et Orientale.
Renault et AB Volvo ont finalisé l’accord signé le 20 juillet 2000. Cet accord apporte le groupe Renault VI/Mack au groupe Volvo, constituant ainsi le second constructeur mondial de poids lourd, dont Renault devient l’actionnaire de référence. L’accord s’articule autour d’un échange de 100% des titres du groupe Renault V.I./Mack contre 15% des titres de AB Volvo. Renault a acquis par ailleurs sur le marché 5% des titres de AB Volvo, ce qui portera, au terme des opérations, sa participation à 20% du capital, actions et droits de vote, de AB Volvo. Renault pérennise ainsi avec les meilleures conditions de succès et de rentabilité sa présence stratégique dans l’industrie mondiale du poids lourd.
Renault mobilise les moyens exigés par sa croissance internationale
Le groupe a poursuivi ses efforts de compétitivité et met en place un nouveau plan d’économie qui portera, comme le précédent, sur 3 milliards d’euros (20 milliards de francs) en trois ans (2001,2002 et 2003). Ce nouveau plan, qui devrait se réaliser à un rythme attendu d’environ 1 milliard d’euros d’économies en moyenne par an, intègre 15% d’économies réalisées dans le cadre des synergies réalisées avec Nissan. Ce plan porte sur l’ensemble des activités du groupe, mais trois grandes sources d’économies ont été identifiées : les achats (51 % du plan), la distribution commerciale (21 %), et la production (11 %), qui représentent 83 % du plan.
Pour porter la nouvelle dimension de l’entreprise, Renault a lancé dans le monde entier sa nouvelle signature de marque. “ Renault. Créateur d’automobiles ”. Cette signature positionne la marque de manière plus engagée, plus ambitieuse, dans la perspective de sa montée en gamme. Elle focalise l’attention sur le point fort de la marque : l’innovation. Une innovation maîtrisée, qui tient pour acquis le respect des exigences fondamentales des clients. Elle résume la nouvelle identité de marque de Renault, qui se veut “visionnaire, audacieux et chaleureux ”.
Pour soutenir le déploiement international de la marque en termes de notoriété et d’image, Renault a décidé son retour en Formule 1 avec une écurie complète, moteur et châssis. Après avoir remporté six titres de Champion du Monde en tant que motoriste, Renault a racheté en mars 2000 l’écurie Benetton Formula Limited, pour un montant de 120 millions de US dollars afin de préparer son retour, à partir de 2002, dans le Championnat du Monde de Formule 1 sous ses propres couleurs.
Renault double son bénéfice net à 1 080 millions d’euros
(7 082 millions de francs)
Renault a dégagé, en 2000, un bénéfice net de 1 080 millions d’euros (7 082 millions de francs), pour un chiffre d’affaires de 40 175 millions d’euros (263 534 millions de francs), en hausse de 5,6 % à structure et méthodes identiques. La marge opérationnelle atteint 2 022 millions d’euros (13 266 millions de francs), soit 5 % du chiffre d’affaires.
Après prise en compte des produits et charges d’exploitation, le résultat d’exploitation s’établit en hausse de 14,8 % à 1 703 millions d’euros (11 173 millions de francs) en 2000 contre 1 484 millions d’euros (9 736 millions de francs) en 1999. Le résultat financier se traduit par une charge financière nette de 69 millions d’euros (454 millions de francs) contre un produit de 32 millions d’euros (208 millions de francs) en 1999. Cette évolution traduit l’augmentation des coûts de financement liés à l’internationalisation du Groupe depuis la fin du premier semestre 1999.
La part revenant à Renault dans le résultat net des sociétés mises en équivalence est le poste qui évolue le plus fortement, avec la prise en compte du redressement de Nissan. Négative de 356 millions d’euros (2 334 millions de francs) en 1999, elle devient positive en 2000 à 89 millions d’euros (583 millions de francs) en 2000. Nissan Motor, principale société mise en équivalence, a un impact positif de 56 millions d’euros (368 millions de francs) dans les comptes du Groupe Renault.
Renault confirme sa place de 1ère marque en Europe occidentale
Avec 2,3 millions de véhicules commercialisés dans le monde en 2000, Renault confirme sa place de 1ère marque en Europe occidentale sur le marché des véhicules particuliers et utilitaires (VP + VU) et de leader sur le marché des véhicules utilitaires. Hors Europe, Renault consolide son développement international et accroît ses ventes de 23%. la marque renforce significativement son développement, avec des ventes en hausse en Turquie, au Mercosur et une part de marché record en Europe centrale. Le groupe a également vendu près de 50 000 véhicules sous la marque Dacia et 12 300 véhicules sous la marque Samsung.
En Europe occidentale, Renault reste la 1ère marque (11% du marché VP+VU) malgré des approvisionnements tendus sur les versions diesel, une année sans nouveauté produit majeure et la fin de vie de Laguna. La marque réalise 10,5% du marché VP (11% en 1999) et conforte sa place de leader du marché VU (14,1% contre 13,9% en 1999). Renault progresse en France (29,1% contre 28,9%), en Belgique / Luxembourg, en Suisse et en Scandinavie avec une percée en Suède (+9%) et en Irlande (+54,5%). Sa part se tasse en Italie, en Espagne, au Portugal, en Grande-Bretagne et en Allemagne, où la marque a particulièrement souffert du recul du marché des Länders de l’Est. Renault place 2 modèles parmi les 10 voitures les plus vendues en Europe. Mégane, dont plus de la moitié des ventes sont composées de Scénic, se classe au 2ème rang (4,2%). Clio, en 7ème position (3,1%), est la 3ème petite voiture la plus vendue en Europe. Espace conserve la tête de son segment. Laguna réalise une fin de vie exemplaire (toujours 6ème sur son segment). En 2001, Renault bénéficiera d’une offre produit renouvelée (Laguna II, Avantime, Clio phase 2 et nouveau Trafic), de 2 nouveaux moteurs turbo-diesel et d’évolutions majeures sur l’offre existante.
Au Mercosur, la marque poursuit son implantation avec des ventes en hausse de 10,7% et une part de 6,4%. Au Brésil, Renault se classe au 5ème rang des constructeurs avec 4,0% du marché (2,7% en 1999) et augmente ses ventes de 78% grâce au succès de Scénic, à la montée en puissance de Clio tricorps et la richesse de son offre sur le segment des “ populaires ”. En Argentine, dans un marché en récession, Renault confirme son leadership (18,0%) pour la 5e année consécutive grâce au succès de Kangoo et Clio 2. Renault porte sa part de 1,3% à 3,0% au Chili, de 2,0% à 5,4% au Vénézuela et de 9,9% à 13,0% en Colombie.
En Europe Centrale, sur un marché en recul de 13%, pénalisé par la Pologne, la marque réalise une part record de 7% et progresse dans la plupart des pays (particulièrement en Hongrie). Renault reste leader en Slovénie. Renault devient le 1er importateur européen en Roumanie et poursuit sa croissance en Russie (3 100 véhicules contre 1 146 en 1999) grâce au développement rapide de son réseau (30 points de vente). En Turquie, Renault demeure leader avec une part de 19,2% et des ventes en hausse de 49% dans un marché en forte croissance, en s’appuyant sur une offre attractive de modèles produits localement (dont Clio tricorps) et importés. Le Maghreb reste un pôle de développement pour Renault avec un quasi doublement des ventes en Algérie (+91%) et des volumes en hausse de 20% au Maroc. Depuis son retour en 1995, Renault a presque triplé sa part de marché VP en Afrique du Sud (de 1,7% à 4,6%,) sur un marché pourtant très concurrentiel. Clio a été élue voiture de l’année en mars 2000