19 octobre 2021 Pierre Perrin-Monlouis
Le projet de réorganisation industrielle du biscuit en Europe a été présenté et remis ce jeudi 29 mars 2001 au Comité Européen (Comité International de Consultation), qui réunit les partenaires sociaux du Groupe DANONE au niveau européen, et qui était présidé par Franck Riboud, Président du Groupe DANONE. Il sera remis demain aux instances nationales représentatives des sociétés concernées puis aux représentants des différents établissements.
I- Un projet équilibré qui respecte les engagements sociaux et les objectifs économiques du Groupe DANONE :
Ce projet de réorganisation est devenu nécessaire pour la sauvegarde de la compétitivité de l’outil de production européen, aujourd’hui sous utilisé et insuffisamment spécialisé, face à une évolution du marché du biscuit et une concentration de la concurrence.
Il repose à la fois sur des engagements spécifiques qui ont toujours été ceux du Groupe DANONE et des principes d’organisation industrielle .
Ces engagements, qui ont été réaffirmés, ont servi de cadre à cette réorganisation pour en minimiser l’impact social, à savoir :
privilégier le maintien dans chaque pays des volumes produits et écarter le recours à la sous-traitance,
mettre en œuvre ce projet sur une durée de 2 à 3 ans- ce qui faciliterait la mise en place de solutions de requalification et de reclassement des salariés concernés et la ré-industrialisation des sites.
Les principes d’organisation industrielle retenus sont les suivants :
développer les sites qui ont la capacité de s’étendre tout en ayant les structures de coûts industriels les plus favorables.
rationaliser la production par une meilleure spécialisation de chaque site en renforçant ainsi les taux d’utilisation des lignes de production.
s’appuyer sur un réseau de sites de taille moyenne, spécialisés, dont les transferts de produit n’auraient pas d’impact significatif sur une diminution des coûts.
II- Une réorganisation par pays et par technologie pour la sauvegarde de l’efficacité industrielle :
Le Pôle Biscuits en Europe se compose de 36 usines et de 15 000 salariés répartis dans 13 pays.
Sa capacité de production est de 1 400 000 tonnes. Il produit 600 000 tonnes avec 15 familles technologiques réparties sur 249 lignes de production.
Ce projet vise à doter le Pôle Biscuits d’une organisation compétitive à l’échelle européenne :
avec d’une part quelques usines de grande capacité (plus de 50 000 tonnes), ce qui conduira à développer certaines usines,
et d’autre part un réseau d’usines de taille moyenne et spécialisé. Ces usines devront poursuivre leurs efforts de rationalisation industrielle et de mécanisation.
En conséquence, sur 36 usines :
5 sites ayant la capacité d’accueillir des volumes importants, à des coûts compétitifs, et sans investissement immobilier majeur, seraient développés. Ils seraient donc spécialisés sur un nombre limité de technologies et verraient leur volume de production et leurs effectifs croître très significativement.
20 sites de moyenne capacité poursuivraient leur activité et ne seraient pas impactés par ce projet : soit parce qu’ils répondent à une demande locale, soit parce qu’ils ont des technologies spécifiques, qui ne justifient pas de transferts à des coûts plus performants.
5 sites seraient réorganisés avec des réductions limitées d’effectifs pour sauvegarder leur compétitivité industrielle.
6 sites, n’ayant pas la capacité de s’agrandir à des coûts compétitifs, seraient fermés dans cinq pays. Leurs productions seraient essentiellement transférées dans d’autres sites du même pays.
III- 1. Des principes d’accompagnement social et de ré-industrialisation des sites mis en œuvre dans la durée :
Conformément à sa culture et à sa conception du double projet économique et social, le Groupe DANONE considère qu’il est du rôle de l’entreprise d’assumer toutes ses responsabilités, tant à l’égard des salariés que des territoires concernés. Il s’engage donc, dans le cadre d’une réorganisation, à viser pour chacun un avenir professionnel et à prendre en compte la diversité des situations individuelles, professionnelles et personnelles. En conséquence, aucun salarié ne serait licencié sans avoir bénéficié d’un temps suffisant et des actions nécessaires, pour s’insérer dans une nouvelle activité ou mettre en œuvre un projet personnel.
C’est pourquoi le plan d’accompagnement mis en œuvre aurait pour objectif de trouver des solutions adaptées à chaque salarié et de réduire l’impact social sur le bassin d’emploi :
En permettant à un maximum de salariés par un ensemble de mesures d’aide à la mobilité, de bénéficier des créations d’emploi sur les sites qui se développeront, ou au sein du Groupe.
En utilisant le temps disponible pour que chaque salarié définisse son projet professionnel et personnel. Pour cela chaque salarié bénéficiera d’un plan d’action individuel (PAI) qui définira l’aide apportée par l’entreprise : bilan professionnel, aide personnalisée à la recherche d’emploi, formation, conseil et aide financière pour la réalisation d’un projet personnel…
En favorisant les mesures d’âge pour limiter l’impact social.
En mettant en place sur chacun des sites concernés, un relais emploi mobilité (REM) qui assurerait le conseil individualisé et le suivi de ces mesures.
Pour mener ces opérations d’accompagnement dans la transparence, une commission de suivi, associant les partenaires sociaux, aurait pour mission dans chaque société, de veiller à la bonne application des engagements pris et des mesures prévues.
III-2. Un effort exceptionnel de ré-industrialisation des sites sera mené avec l’aide des acteurs locaux et des collectivités territoriales.
Conscient de l’impact de ces décisions industrielles sur les territoires, le Groupe DANONE proposera aux élus et aux responsables locaux, de chaque bassin d’emploi concerné, un contrat de territoire. Ce contrat, élaboré en partenariat avec les autorités locales, définira un programme d’actions de ré-industrialisation et de reclassement du personnel sur les sites.
Ces actions viseront notamment à attirer des entreprises créatrices d’emplois dans la zone concernée, ou à soutenir des projets de développement de PME locales.
IV- Une réorganisation par pays pour maintenir en priorité des volumes nationaux :
En France La société LU France produit 183 000 tonnes dans 12 usines (5 biscuits, 3 panification, 4 pâtisserie) avec un effectif de 4030 salariés.
Les 5 usines biscuit :
2 usines, Cestas et la Haye Fouassière, seraient fortement développées.
Leur production devrait doubler d’ici 2004 grâce à des transferts d’activité pour atteindre, chacune, environ 50 000 tonnes de production par an.
La Haye Fouassière (Loire Atlantique) deviendrait l’usine spécialisée en biscuits secs simples et en crackers. Sa production devrait augmenter de 22 000 tonnes à 55 000 tonnes.
Les effectifs progresseraient de 160 personnes.
Cestas (Gironde) deviendrait l’usine spécialisée pour les produits chocolatés et les produits extrudés sucrés. Sa production devrait passer de 23 000 tonnes actuellement à 41 000 tonnes et les effectifs augmenteraient 69 personnes.
Les sites de Calais (Nord-Pas de Calais) et d’Evry (Essonne) devraient être fermés et leur production transférée pour l’essentiel à Cestas et à la Haye Fouassière.
L’usine de Calais, qui produit 19 000 tonnes, est enclavée dans un quartier urbain à proximité du centre ville et n’a pas la possibilité de s’étendre et d’atteindre une capacité de production d’environ 50 000 tonnes.
L’usine d’Evry, qui produit 25 000 tonnes, a la structure de coûts la moins favorable pour devenir l’une des grandes usines du biscuit en Europe.
L’usine de Château Thierry (Aisne) serait maintenue en activité après réorganisation et réductions d’effectifs.
L’usine de Château Thierry, totalement enclavée en zone urbaine ne peut s’agrandir, et ne produit que 6 000 tonnes par an. Cette usine est spécialisée dans les assortiments. Le projet écarte la solution de la sous-traitance.
3 usines de panification sèche : l’outil industriel qui a été réorganisé et rationalisé depuis plusieurs années est aujourd’hui globalement compétitif. Les sites de Granville (Manche), Toulouse (Haute Garonne) et Vervins (Aisne) ne sont donc pas impactés par ce projet. 4 usines de pâtisserie : les usines de Champagnac (Dordogne), Besançon (Doubs), Charleville (Ardennes) et Jussy (Aisne), sont spécialisés sur des gammes de produits et des technologies qui ne justifient pas de grosses unités industrielles dans le contexte concurrentiel actuel. Pour rester compétitives, elles devront poursuivre leurs efforts d’automatisation déjà engagés. Notamment à Jussy où des réductions d’effectifs devront être réalisées. Au total, en France, pour le biscuit, la panification et la pâtisserie, 236 emplois nouveaux seraient créés et 806 emplois supprimés. En Italie du Nord, le site de Capriata, spécialisé dans les crackers et les secs simples, devrait voir sa production doubler, passant de 22 000 tonnes à 47 000 tonnes, par le transfert des activités du site de Locate qui serait fermé. En effet Capriata dispose d’infrastructures lui permettant d’accueillir une production de 50 000 tonnes sans investissement majeur, ce qui n’est pas le cas de Locate. 93 emplois seraient créés à Capriata et 274 supprimés à Locate. En Belgique et en Hollande, le site de Herentals (Belgique), spécialisé dans les biscuits secs et fourrés, devrait passer de 56 000 à 86 000 tonnes par le transfert des activités du site belge de Beveren qui serait fermé, en effet celui-ci n’a pas la capacité d’accueillir les 56 000 tonnes d’Herentals.
225 seraient créés à Herentals et 412 emplois seraient supprimés à Beveren (distante de moins de 50 km).
Dordrecht (Hollande) qui produit 14 000 tonnes réparties en 4 technologies, est un site ancien, enclavé et complexe qui nécessiterait des investissements élevés. Ce site serait fermé, et une partie de sa production transférée à Herentals. 211 emplois seraient supprimés.
En Hongrie, la production de biscuit serait développée. L’usine moderne de Szekesfehervar, qui produit actuellement 7000 tonnes, possède des infrastructures qui lui permettrait d’atteindre 25 000 tonnes sans investissement majeur. Ce site spécialisé dans les biscuits secs et gaufrettes, devrait accueillir l’ensemble des volumes produits à Gyor. 270 emplois seraient crées à Szekesfehervar
Le site de Gyor, enclavé en zone urbaine, devrait donc être fermé.
Au Royaume-Uni, les usines d’Aintree -crackers et barres chocolatées-, et de Wigston -biscuits secs sucrés-, ne nécessitent pas un regroupement sur des lignes plus puissantes et produisent essentiellement pour le marché anglais. Néanmoins l’adaptation de leur production, due à notamment à une très forte saisonnalité, entraînerait une réduction d’effectifs de 180 personnes.
En Irlande, l’usine de Tallaght, dont la moitié des produits sont uniquement fabriqués en Irlande, a très peu de synergie industrielle avec les autres sites européens. Le maintien de cette usine devrait toutefois s’accompagner d’une réorganisation importante en raison de ses structures de coûts peu performantes. Ceci entraînerait une réduction d’effectifs de 100 personnes.
L’objectif économique de cette réorganisation.
Sur le périmètre concerné par le projet de réorganisation et remis aux partenaires sociaux, l’objectif est :
De faire progresser le taux moyen d’utilisation des lignes de production de 43% à environ 57% :
D’augmenter la taille moyenne des usines de 56 %
De réduire les coûts industriels de 16 %
De diminuer le nombre de lignes de 28 %
L’ensemble de ce projet de réorganisation devrait être achevé d’ici juin 2004.
Les actions que le Groupe serait amené à mettre en œuvre après consultation de ses partenaires sociaux s’inscriront dans le cadre de chaque législation nationale et le respect des accords conclus avec ses partenaires internationaux. La mise en œuvre des mesures sociales ne pourra intervenir au plus tôt qu’après l’achèvement de la procédure de consultation et le respect des procédures spécifiques à chaque pays.
Paris, le 29 Mars 2001