20 octobre 2021 Pierre Perrin-Monlouis
À la veille des négociations finales autour de la réforme du secteur vitivinicole dans le cadre du Conseil Agriculture de la semaine prochaine, Mariann Fischer Boel, membre de la Commission chargé de l’agriculture et du développement rural, a appelé les ministres à adopter des décisions courageuses afin d’assurer la compétitivité de ce secteur. «L’heure est venue de s’entendre sur une réforme qui marquera une réelle avancée. L’heure est venue car les importations et la production de vin de l’Union européenne n’ont cessé d’augmenter au fil des ans parallèlement à une baisse de la consommation intérieure. Cela s’impose également car nous pourrons ainsi utiliser le budget consacré à ce secteur beaucoup plus judicieusement que nous ne le faisons actuellement de manière à le renforcer et à le rendre plus rationnel aux yeux de l’opinion publique. Un accord est à notre portée lors du Conseil de la semaine prochaine, mais ce doit être un bon accord», a-t-elle déclaré.
La commissaire Fischer Boel a poursuivi en ces termes: «Nous devons être réalistes et j’ai fait preuve d’une souplesse considérable au sujet de nombre de mes propositions initiales. Mais je n’accepterai pas qu’elles soient édulcorées jusqu’à faire perdre au produit final toute saveur et toute valeur.
Notre compromis devra accoucher d’une réforme digne de ce nom, qui nous donnera une possibilité réelle d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.
Nous pouvons renforcer la compétitivité de notre secteur vitivinicole. Nous pouvons instaurer un meilleur équilibre entre l’offre et la demande. Nous pouvons apporter des améliorations importantes à la réglementation en matière d’étiquetage. Tout cela de manière à permettre à la production viticole de demeurer un joyau dans la couronne de l’agriculture européenne.
Il ne s’agit plus de trouver des prétextes pour ne rien faire ni de laisser filer les nouvelles possibilités qui s’offrent à nous. L’heure est maintenant venue d’ouvrir à notre secteur vitivinicole la route de nouveaux succès. Je sais que je peux compter sur les ministres, qui ont à cœur de défendre au mieux les intérêts du secteur, pour qu’ils prennent les meilleures décisions. Le coût de l’inaction est trop élevé pour pouvoir être accepté.
La Commission, la Présidence et la plupart des États membres devront encore se mettre d’accord la semaine prochaine sur trois grandes questions. La première est celle des enveloppes financières nationales. Nous avons toujours su qu’il était difficile de se mettre d’accord sur les mesures qui doivent en faire partie, mais il nous faut encore tracer une ligne claire de séparation entre les instruments du premier pilier couverts par l’enveloppe nationale et les instruments du second pilier relevant du développement rural.
Il n’existe en outre aucune possibilité de réouvrir une discussion générale sur le volume des différentes enveloppes nationales.
La deuxième question importante est celle de la chaptalisation. Ce point a fait l’objet de désaccords considérables auxquels je ne suis bien évidemment pas restée sourde.
Toutefois, le statu quo constitue une réelle difficulté qu’il convient de résoudre. L’aide à l’enrichissement au moyen de moûts ne peut être maintenue au même niveau et selon les mêmes modalités: il s’agit d’un soutien obsolète, inefficace, coûteux et générateur de distorsions commerciales. Je suis cependant bien consciente de l’importance de maintenir l’équilibre entre l’aide à l’enrichissement au moyen de sucre et l’aide aux moûts afin de parvenir à un compromis soutenu par les producteurs du Sud comme du Nord.
Nous passerons ce cap. J’ai entendu les appels qui se sont exprimés massivement en faveur du maintien de l’enrichissement au moyen de sucre, mais je ne suis pas disposée à accepter le statu quo; tout compromis impliquera par conséquent la mise en place de conditions nouvelles.
La troisième question a trait à la fin du système des droits de plantation.
J’entends bien les arguments sur le délai de suppression de ce système. Nous ne pouvons toutefois pas nous permettre de remiser cette problématique. Il faut au secteur vitivinicole une plus grande liberté pour répondre au plus tôt à l’évolution de la demande.
J’ai écouté les commentaires émanant du secteur mais une chose est certaine: il est indispensable de fixer un délai pour la suppression du régime des droits de plantation».