Pierre Perrin-Monlouis Dernière mise à jour: 20 octobre 2021
La hausse des taux décidée ce jeudi par la Banque Centrale Européenne est un très mauvais coup porté à la croissance européenne. Déjà affaiblies par le ralentissement mondial consécutif à la crise financière et à l’envolée des prix des matières premières, les économies européennes n’avaient pas besoin de ce tour de vis supplémentaire, bien au contraire.
Surtout, cette décision motivée par l’objectif de retrouver la stabilité des prix, va rater sa cible. L’inflation de la zone euro est nourrie par des facteurs externes sur lesquels la BCE n’a aucune prise. Ce n’est pas Jean-Claude Trichet qui décide du prix du pétrole, du blé ou du maïs. Pire, cette décision va contribuer à soutenir la valeur de l’euro par rapport au dollar, alors qu’elle atteint déjà des niveaux qui asphyxient les industries européennes.
Enfin, la BCE montre qu’elle n’entend pas lâcher prise en matière de modération salariale. La faiblesse des salaires est une constante dans les économies européennes depuis 2000 et les salariés subissent aujourd’hui les hausses de prix par des pertes de pouvoir d’achat, ce qui provoque un recul de la consommation et un effet négatif sur la croissance. C’est pourquoi Force Ouvrière revendique des augmentations de salaires substantielles pour les salariés du public et du privé.
Force Ouvrière considère que la BCE s’attaque à des problèmes qui n’en sont pas et complique la tâche pour trouver une porte de sortie aux difficultés économiques réelles qui se posent aujourd’hui. Plus que jamais, la politique monétaire de la BCE uniquement préoccupée de stabilité des prix pose problème. Son mandat contraste avec les objectifs adoptés par d’autres pays dont les positions sont beaucoup moins contraignantes et s’accommodent d’objectifs ciblés en matière de croissance et d’emploi. Pour Force ouvrière, l’Union européenne doit sérieusement se saisir de cette question.
Cela nécessite une révision des traités Européens afin de rompre avec le culte dogmatique de la libre concurrence et de redonner priorités au social.