1. Il est regrettable que sur un sujet de cette nature, Nicolas Sarkozy choisisse la démagogie, en plaçant résolument les collectivités territoriales sur le banc des accusés : dépensières, inconséquentes, elles freineraient la modernisation de notre pays. Le Chef d’un Etat dont le déficit s’élève aujourd’hui à 140 milliards d’euros n’est pas vraiment bien placé pour dispenser aux élus locaux ce type de « leçon ». Faut-il d’ailleurs lui rappeler que ces collectivités, tant décriées, assurent plus de 70% de l’investissement public dans notre pays ? Surtout, comment oublier que la somme des transferts de compétences non compensés par l’Etat, fait peser sur elles une charge de plus en plus considérable ? Ainsi, la dette de l’Etat envers les contribuables parisiens s’élevait, au 31 décembre 2008, à 312 millions d’euros.
2. Le Président de la République s’apprête pourtant à aggraver cette situation, puisqu’il a acté la suppression de la taxe professionnelle, sans donner la moindre indication ni sur les mesures compensatoires envisagées, ni sur les nouvelles ressources qui pourraient s’y substituer. Ce flou désinvolte – mais probablement délibéré – ne peut qu’accroître l’inquiétude légitime des Français et des élus locaux, par-delà les clivages partisans.
3. La création confirmée de « conseillers territoriaux », à la fois conseillers généraux et conseillers régionaux, a donné lieu à un exposé un peu confus qui dessine surtout l’affaiblissement probable des deux institutions, au bénéfice d’une stratégie recentralisatrice de l’Etat.
4. Le mode d’élection de ces futurs conseillers territoriaux au scrutin majoritaire uninominal à un tour constitue le véritable objectif de cette réforme, favorisant résolument un parti politique, l’UMP, dans la perspective du scrutin de 2014.
5. J’observe enfin que le Président de la République, en offrant comme modèle d’engagement public l’exercice simultané d’une responsabilité nationale et d’une fonction locale, s’est fait le défenseur du cumul des mandats. Paradoxal dans un discours censé promouvoir l’idée de « modernité »…