Pierre Perrin-Monlouis Dernière mise à jour: 20 octobre 2021
Au troisième trimestre, malgré la complaisance générale, les investisseurs continuent de faire face à des déséquilibres macroéconomiques majeurs. Dans le même temps, le conflit en Irak fait ressurgir le spectre des questions énergétiques.
Saxo Bank, le spécialiste de l’investissement et du trading en ligne, publie ses prévisions économiques pour le 3ème trimestre 2014.
Les analystes du groupe prévoient un 3ème trimestre relativement positif. Selon eux, l’économie américaine devrait renouer avec la croissance après un 1er trimestre désastreux (-2.9%). Les actions pourraient surperformer les obligations, alors que la faiblesse du dollar américain devrait être limitée. On devrait observer un regain de volatilité après des niveaux exceptionnellement bas, alors que nous approchons de la fin de la troisième phase d’assouplissement quantitatif de la FED. Enfin, ils estiment que le baril de pétrole va continuer de s’échanger à des niveaux élevés mais dans un range fixe.
Cependant, Steen Jakobsen, Economiste en chef, dénonce un déséquilibre permanent du marché par lequel 20% de l’économie – entreprises cotées, banques – perçoit 100% du crédit disponible et du capital politique, étouffant ainsi les 80% restants, composés de PME. Les valorisations sur les marchés actions semblent raisonnables, mais ce n’est qu’une conséquence du faible coût de l’accès au capital pour ces 20%, d’autant plus qu’il existe une confiance répandue dans l’assouplissement quantitatif et une préférence généralisée pour les investissements sur actions.
Parmi ce qui pourrait menacer la reprise économique annoncée : la pauvreté du marché chinois et ses besoins de refinancement, ou la chute de la croissance en France ou en Allemagne causée par une baisse des exportations vers l’Asie et une élévation continue du prix de l’énergie. Un prix trop élevé de l’énergie impacte négativement la consommation en contribuant à rogner le revenu disponible du consommateur.
Selon Steen Jakobsen : « Sans un transfert d’argent des 20% aux 80%, nous nous dirigeons vers une décennie de ‘japonisation’. Une correction de ce déséquilibre est nécessaire pour que l’économique mondiale puisse repartir de zéro. Le consensus autour de l’idée « qu’un peu de croissance est suffisant » est inquiétant et ignore une vision plus globale.
« En janvier le FMI, la Banque Mondiale, la BCE, la FED et la plupart des économistes s’accordaient à proclamer que 2014 serait l’année de la reprise économique. Mais alors que nous entamons le deuxième semestre, l’Europe apparait vulnérable, les déficits budgétaires s’aggravent et les politiques cherchent à gagner du temps. Les Etats Unis ont besoin d’une croissance annuelle de 2.9% au 2em trimestre simplement pour atteindre une croissance nul pour le premier semestre 2014. L’Asie quant à elle continue de croire qu’elle peut organiser son ‘soft landing’, une opération qui s’apparente selon moi à une tentative de manœuvrer un super tanker dans une rivière. »
Actions
Peter Garnry, Responsable de la stratégie actions, souligne l’importance de détenir des actions pour une croissance significative du capital. Le réajustement des prix entre actions et obligations se poursuit en 2014, alors que le rendement total des actions par rapport aux obligations reste inférieur à la prime de risque depuis 1995. Il commente : « Les actions demeurent un actif financier privilégié, elles sont maintenant correctement évaluées et nous n’observons pas de phénomène de bulle. »
FX
Il y a eu de forts mouvements du prix du pétrole dû aux évènements en Irak, mais en termes de pourcentage, les conséquences restent limitées. Les devises les plus affectées potentiellement par la hausse des prix du pétrole sont celles qui dépendent lourdement de l’importation d’énergie. L’inde, la Corée du Sud et l’Afrique du Sud, mais également la Turquie, la Pologne et la Hongrie sont concernées.
John J. Hardy, Responsable de la stratégie Forex ajoute : « Nous venons de sortir d’une période de calme sur les prix du pétrole sans précédents. Il est fort probable que le mouvement des prix du pétrole impacte le marché des changes. »
Matières premières
Malgré les récentes sous-performances des matières premières, le conflit iraquien jette une ombre sur l’offre mondiale de pétrole. Si la campagne menée par l’EIIL n’est pas stoppée, une augmentation du prix du pétrole est inévitable.
Le marché de l’énergie doit faire face à la possibilité que l’offre mondiale de pétrole brut excède la demande, ceci en partie grâce à la production des pays hors OPEP. Le prix moyen du baril de pétrole brut pourrait ainsi descendre à 105 USD. En ce qui concerne l’or, les analystes de Saxo Bank se montrent modérément optimistes. En effet, après avoir accusé en 2013 sa première perte en 13 ans, l’or a oscillé autour de 1,225 USD/once au premier trimestre.
Ole S. Hansen, Responsable de la stratégie matières premières, ajoute : « Les objectifs de production de l’Irak semblent désormais inatteignables. L’Arabie Saoudite doit ainsi produire plus pour éviter une crispation du marché. »