19 octobre 2021 Pierre Perrin-Monlouis
A l’issue d’une revue complète de l’activité et des aspects financiers du Groupe présenté lors du Conseil d’administration du 4 décembre 2002, France Télécom annonce Ambition FT 2005 qui s’articulera autour de quatre vecteurs :
– Un programme d’amélioration opérationnelle “TOP” permettant de dégager plus de 15 Mds d’euros de disponibilités qui seront affectées à la réduction de la dette ;
– Un renforcement de la structure financière du Groupe avec le plan “15+15+15” :
– 15Mds d’euros grâce à TOP,
– 15Mds d’euros de renforcement des fonds propres, l’Etat-actionnaire participant à hauteur de sa participation soit environ 9Mds d’euros,
– 15Mds d’euros de refinancement de la dette du Groupe ;
– Une stratégie ayant pour priorité la satisfaction-client et une gestion opérationnelle intégrée d’un portefeuille d’actifs leaders sur leurs principaux marchés avec des marques fortes comme France Télécom, Orange, Wanadoo et Equant. Les actifs en position stratégique et financière faible, ou ceux pour lesquels un contrôle majoritaire est impossible auront vocation à être cédés ;
– Une équipe de direction profondément remaniée avec une organisation simplifiée et une responsabilisation accrue des managers.
France Télécom cherchera à atteindre davantage de flexibilité stratégique et financière à l’horizon 2005, avec l’objectif d’un ratio dette nette / EBITDA à cet horizon compris entre 1,5 et 2.
“Avec Ambition FT 2005, France Télécom se donne les moyens d’être l’acteur de son redressement et de maîtriser à nouveau son propre destin. Alors qu’en septembre la seule issue semblait la réalisation d’opérations de refinancement dans les pires conditions, le travail de l’Etat des Lieux et les mesures que nous allons prendre démontrent que France Télécom peut reprendre l’initiative.
Notre première priorité est de desserrer l’étau financier dans lequel nous nous trouvons pour redonner une dynamique positive à France Télécom.
Pour cela, je m’appuierai sur les points forts de France Télécom, qui a déjà beaucoup évolué depuis 1995. Nos compétences humaines et techniques sont remarquables. Que ce soit dans le fixe, les mobiles, l’internet ou les réseaux d’entreprise, nous disposons avec nos marques : Orange, Wanadoo, Equant, de positions fortes ; notre qualité de service est reconnue ainsi que nos capacités d’innovation technologiques. Ces atouts constituent un formidable potentiel d’amélioration opérationnel, et nous permettront avec TOP de générer des liquidités afin d’accélérer notre désendettement.
La démarche que nous engageons pour les trois prochaines années avec FT 2005 nous permettra de toujours mieux servir nos clients et de préserver au maximum l’intégrité du périmètre du groupe France Télécom et donc l’emploi de celles et ceux qui en sont les forces vives.
Je suis convaincu que grâce à la motivation de l’ensemble de salariés du groupe et aux engagements de son équipe de direction, les objectifs ambitieux de TOP et de FT 2005 seront réalisés. Ils permettront à France Télécom d’atteindre son ambition, être l’un des opérateurs les plus performants en Europe”, a déclaré Thierry Breton, Président Directeur Général de France Télécom, lors de la présentation d’Ambition FT 2005.
La mission Etat des lieux
Dès son arrivée, Thierry Breton a confié à une équipe d’experts indépendants la mission de faire le point sur la situation du Groupe France Télécom (“la Mission Etat des Lieux”). Le 4 décembre 2002, les principales conclusions de cette mission ont été présentées au Conseil d’Administration de France Télécom :
Un Groupe dont le potentiel opérationnel est intact
Sur le plan opérationnel, France Télécom reste un Groupe extrêmement compétitif, qui dispose d’un portefeuille d’actifs leaders dans leurs principaux segments de marché autour de marques fortes : France Télécom, Orange, Wanadoo, Equant. Le Groupe dispose d’un ensemble cohérent d’activités permettant la gestion coordonnée des évolutions de technologies, des comportements des consommateurs et des réglementations dans un environnement concurrentiel.
Néanmoins, compte tenu de la forte croissance externe du Groupe et de l’organisation mise en place ces dernières années, le Groupe n’a pas su exploiter pleinement sa réelle capacité d’amélioration de ses marges d’exploitation.
Un niveau d’endettement très important
Durant la période 1999-2002, France Télécom a connu un développement externe très important qui, compte tenu de la contrainte législative (seuil de détention par l’Etat de 50%), n’a pas, pour l’essentiel, pu être financé en actions. Ces opérations n’ont pas été adossées à un refinancement en fonds propres ou en cessions d’actifs suffisants. Par ailleurs, le retournement des marchés a conduit à ne pas mettre en œuvre les plans successifs de réduction de la dette.
Ce sont au total plus de 100Mds d’euros qui ont été dépensés par le Groupe pour sa politique de développement, dont 80% ont été payés en cash. Les engagements liés à ces opérations vont représenter encore un montant total d’environ 5 Mds d’euros sur les années 2003-2005.
France Télécom doit faire face à des échéances de remboursement d’emprunt qui s’élèvent à 15,2 Mds d’euros en 2003, 15 Mds d’euros en 2004 et approximativement 20 Mds d’euros en 2005, soit un total d’environ 50 Mds d’ici à fin 2005.
Une organisation fragmentée et souvent trop éclatée
Bien que très réactif au niveau opérationnel, le Groupe a été géré de façon trop décentralisée.
Les fonctions centrales ne disposaient pas de leviers suffisants pour développer des synergies importantes et mettre en œuvre des plans de redressement en cas de crise.
Par ailleurs, l’absence de processus d’allocation des ressources et la multiplication des relations client/fournisseur au sein du Groupe ont rendu l’organisation mal adaptée à la contrainte de réduction des dépenses.
Ce constat de remet pas en cause les efforts certains de performances comme le succès des redéploiements (65,000 personnes au sein du Groupe ont changé de métier depuis 1996) et le programme de Congé de Fin de Carrière.
Les perspectives comptables et financières à fin 2002
France Télécom présente aujourd’hui la réconciliation de ses comptes au 30 juin 2002 des normes françaises aux normes américaines (cette réconciliation sera disponible sur le site www.francetelecom.com dès le dépôt auprès de la SEC). La perte semestrielle en US GAAP est de 30,9Mds d’euros au lieu de 12,2Mds d’euros en normes comptables françaises. Par ailleurs, les fonds propres au 30 juin 2002, négatifs de 440mn d’euros en French GAAP sont négatifs de 24Mds d’euros. La raison majeure de cette écart réside dans la dépréciation des écarts d’acquisition (goodwill) d’Equant, Orange qui sont soumis au test de dépréciation du SFAS 142 par référence au cours de bourse. L’endettement en US GAAP est de 72Mds d’euros au 30 juin 2002 reflétant le traitement en financements garantis de certaines cessions d’actifs et la non-consolidation de la dette de TPSA. Il est à noter que TPSA est consolidé en mise en équivalence dans les comptes du Groupe dans le référentiel américain.
Compte tenu des développements intervenus dans l’activité du Groupe et son environnement depuis le 30 juin 2002, plusieurs décisions de nature comptables seront proposées au Conseil d’Administration qui se réunira pour arrêter les comptes de l’exercice 2002. Les provisions pour dépréciation d’actifs pourraient s’élever à un montant de 5,5Mds d’euros à 7Mds d’euros. Le principal élément de ces provisions est la dépréciation de survaleur d’Equant pour 3,5 à 4,5Mds d’euros compte tenu de l’environnement économique, des résultats du troisième trimestre et de l’évolution défavorable de l’environnement concurrentiel de cette société qui ont rendu nécessaire une ré-appréciation des perspectives à court et moyen terme.
France Télécom confirme ses perspectives de croissance pour 2002 : le chiffre d’affaires devrait augmenter de 8 à 9% par rapport à 2001 comme indiqué lors de la publication du chiffre d’affaires du troisième trimestre 2002 ; l’EBITDA, chiffre clé dans les engagements de ratios financiers de France Télécom, devrait se situer à environ 14,5Mds d’euros compte tenu de l’excellente réactivité dont l’entreprise a fait preuve dès le quatrième trimestre 2002. Les investissements seront inférieurs à 8Mds d’euros en 2002.
Compte tenu de ces modifications, France Télécom estime sa liquidité à 6 Mds d’euros environ à fin 2002.
France Télécom devrait atteindre un ratio dette nette / EBITDA pro forma inférieur à 4,70 à la fin de l’année 2002 (un ration de 5 étant requis à cette date par ses engagements au titre de la ligne de crédit principale) avec une dette de l’ordre de 70 Mds d’euros en French GAAP.
Le Conseil d’Administration se réunira le 19 décembre 2002 afin d’étudier le budget 2003. Pour 2003, les hypothèses de chiffre d’affaires retenues sont volontairement conservatrices (inférieures à 5%) tout en maintenant un objectif de croissance de l’EBITDA supérieur à 10%. Les investissements seront réduits à un niveau substantiellement inférieur à celui de 2002, ce qui devrait permettre de générer un cash flow libre supérieur à 3 Mds d’euros (hors cessions).
France Télécom ne compte pas verser de dividendes en 2003.
Ambition FT 2005
Avec une équipe de direction remaniée, le Groupe souhaite se donner une nouvelle ambition, Ambition FT 2005, destiné à renforcer de manière importante sa structure financière au travers (i) de l’amélioration des performances opérationnelles de l’entreprise (programme TOP) qui permettra un désendettement significatif, (ii) le renforcement de ses fonds propres et l’allongement des échéances de sa dette, (iii) du recentrage de la stratégie du Groupe sur les actifs clés.
Renforcement de la structure financière du Groupe
Le renforcement de la situation financière du Groupe et sa capacité continue à faire face à ses engagements repose sur trois volets distincts d’un plan “15+15+15” :
– 15Mds d’euros de disponibilités consacré à la réduction de la dette, et résultant de l’effort substantiel du Groupe à travers le plan d’amélioration de la performance opérationnelle TOP décrit ci-dessous ;
– 15Mds d’euros de renforcement des fonds propres de France Télécom ;
– 15Mds d’euros d’allongement des échéances de la dette.
Ces trois chantiers seront menés en parallèle et auront pour objectif de retrouver, à l’horizon 2005, un ratio dette nette : EBITDA compris entre 1,5 et 2, offrant au Groupe une plus grande marge de manœuvre financière.
– Programme de mobilisation opérationnelle TOP : 15Mds d’euros de cash flow libres consacrés au désendettement de 2003-2005.
Le retour de France Télécom à une situation financière saine dépend d’abord et avant tout des améliorations de ses performances opérationnelles sur la période 2003-2005 qui doivent permettre de dégager plus de 15Mds d’euros de cash flow libres. Un montant de 15Mds d’euros sera affecté à la réduction de l’endettement.
Environ 20% à 25% des disponibilités générées par cette amélioration des performances opérationnelles sont attendus en 2003, 35% à 40% en 2004 et 35% à 40% en 2005. Sur la période 2003-2005, l’amélioration des performances devrait provenir principalement de la réduction et de l’optimisation des investissements (à hauteur de 40% à 45% des économies du plan TOP), de la réduction des coûts opérationnels (35% à 40% des économies) et de l’optimisation du besoin en fonds de roulement et divers (20% à 25% des économies). En 2003, l’impact sera surtout lié à la réduction et l’optimisation des investissements, compte tenu des délais nécessaires pour la mise en oeuvre des programmes d’économies sur les coûts opérationnels. Cette génération de disponibilités supplémentaires en 2003-2005 devrait être réalisée principalement par l’activité fixe en France (pour 40 à 45%) et par Orange (pour 35% à 45%). La contribution du segment Service Fixe Voix et Données Hors de France serait de l’ordre 12 à 17% et celle de Wanadoo de moins de 3%.
Les frais de réorganisation seront de l’ordre de 0,8 à 1Mds (dont 50% en cash) sur la période 2002-2005, dont une part significative chez Orange.
Le programme TOP est fondé sur des hypothèses de chiffre d’affaires conservatrices et se décompose en une centaine de projets parfaitement identifiés.
Le programme TOP sera géré par les entités opérationnelles conjointement avec les fonctions centrales du Groupe :
– Achats (hors achat de capacité et de systèmes d’information) et réduction des frais généraux : redéfinition des spécifications, refonte du processus achat, rationalisation des prestations
– Recherche & Développement : déploiement efficace des investissements et rentabilisation des brevets
– Fonctions support : réorganisation des fonctions centrales
– Communication et marque : coordination et optimisations des plans de communication
– Immobilier et fiscalité : rationalisation de l’occupation des locaux et réduction des charges d’exploitation
– Investissements : contrôle accru des budgets d’investissement, amélioration des politiques d’investissements par grands domaines du Groupe
– Besoin en Fonds de Roulement : amélioration du processus de recouvrement et des délais de facturation
Le programme TOP, pour sa composante 2003, est lancé et intégré dans le budget 2003 qui sera présenté lors du prochain Conseil d’Administration, le 19 décembre 2002.
– Renforcement des fonds propres
Le Groupe considère qu’un renforcement de ses fonds propres de l’ordre 15 Mds d’euros est indispensable. L’Etat a indiqué que compte tenu du plan d’action élaboré par le Groupe et des perspectives de retour sur investissement, il participera au prorata de sa part dans le capital soit 9Mds d’euros.
Pour donner à France Télécom, la possibilité de lancer une opération de marché au moment le plus opportun, l’Etat a également indiqué qu’il était prêt à anticiper sa participation au renforcement des fonds propres, à travers une avance d’actionnaire temporaire, subordonnée, rémunérée à des conditions de marché, mise à disposition de France Télécom.
Les mesures prévues par l’Etat, actionnaire majoritaire, ont été communiquées à la Commission Européenne conformément aux règles communautaires le 3 décembre 2002.
– Refinancement obligataire
Par ailleurs, durant la période 2003-2005, le Groupe travaillera sur la durée de ce plan à un ré-échelonnement des tombées obligataires.
Recentrage du Groupe sur les actifs clés
Afin de préserver l’intégrité du Groupe et lui redonner les moyens d’une stratégie autonome, la priorité absolue va être donnée à la génération de disponibilités.
La stratégie de France Télécom aura pour priorité la satisfaction-client et une gestion opérationnelle intégrée d’un portefeuille d’actifs leaders sur leurs principaux marchés avec des marques fortes comme France Télécom, Orange, Wanadoo et Equant. Les actifs en position stratégique et financière faible, ou ceux pour lesquels un contrôle majoritaire est impossible auront vocation à être cédés.
Le Groupe s’attachera à développer des partenariats stratégiques dans les domaines qui ne relèvent pas de son cœur d’activité et où il ne peut atteindre la taille critique.
Mesures et chantiers d’accompagnement
La mise en œuvre du programme d’amélioration de la performance opérationnelle TOP et son succès nécessitent une organisation du Groupe et une gestion sociale nouvelle.
En complément des programmes déjà en cours comme le « Congé de Fin de Carrière » et les départs naturels qui représentent ensemble une prévision de départ de plus de 20,000 personnes sur les trois prochaines années, l’Etat a indiqué qu’il mettrait en place une mission « mobilité », afin de satisfaire le mieux possible les souhaits exprimés par les agents volontaires.
Parallèlement, la Direction des Ressources Humaines va intensifier le redéploiement des compétences dans le Groupe. Dans l’immédiat, le Groupe a décidé un gel des recrutements jusqu’en juin 2003.
Mise en oeuvre : management et organisation
Pour mettre en œuvre Ambition FT 2005, notamment le programme TOP, Thierry Breton a souhaité simplifier la structure actuelle de France Télécom et mettre en place une nouvelle équipe de direction profondément renouvelée .
Une réduction du nombre de niveaux hiérarchiques et de reporting va être réalisée, tout en accentuant la responsabilisation et le suivi des managers sur les comptes de résultats, le cash flow et certains éléments du bilan. Une meilleure coordination sera assurée dans les domaines comme la technologie, l’approche-client et l’environnement réglementaire. Le comité exécutif du Groupe sera structuré de manière à assurer le succès du programme TOP : chaque membre du Comité exécutif sera responsable d’un certain nombre de projets. En supplément du budget annuel, un suivi semestriel sera mis en œuvre ainsi qu’un renforcement des systèmes de rémunération motivants.
Le gouvernement d’entreprise va être amélioré et les structures seront simplifiées afin de renforcer les procédures de suivi et de contrôle internes, de permettre une meilleure centralisation des informations et des procédures de décision et une plus grande implication du Conseil d’Administration. Celui-ci sera désormais fortement impliqué dans la définition des orientations stratégiques du Groupe et le suivi des performances, en particulier via le comité stratégique et le Comité Hommes et Organisations, nouvellement créés, et le Comité d’Audit.
Autour de Thierry Breton, le Comité Exécutif de France Télécom comprend :
– Frank E. Dangeard : FT 2005, Equilibres Financiers (programme “15+15+15”)
Opérations :
– Barbara Dalibard : Solutions Grandes Entreprises
– Jean-Yves Gouiffès : Fixe et Distribution France
– Jean-Philippe Vanot : Réseaux et Opérateurs
– Jean-Paul Cottet : International, Systèmes d’information
– Jean-François Pontal : Orange
– Olivier Sichel : Wanadoo
Fonctions support :
– Michel Combes : Finance
– Bernard Bresson : Ressources Humaines et FT 2005, Développement et Optimisation des Compétences Humaines
– Michel Davancens : Animation et évaluation des réseaux de management
– Jacques Champeaux : Secrétariat Général
– Jean-Jacques Damlamian : Recherche & Développement
– Marc Meyer : Communication
– Louis-Pierre Wenes : Achats et amélioration de performance
Avertissement
Certaines déclarations ou informations contenues dans ce document sont des prévisions ou des données prospectives qui reposent sur les opinions actuelles ou sur les projections des dirigeants du Groupe et sont de ce fait soumises à de nombreux facteurs d’incertitudes, et notamment la réussite du plan de renforcement de la structure financière du Groupe “15+15+15” et les facteurs de risque décrits dans les derniers rapports annuels ou semestriels du Groupe. Il se peut en conséquence que certaines des déclarations et informations ne soient pas confirmées par les faits. Les commentaires et observations formulés au vu des prévisions et données prospectives doivent donc être appréciés en conséquence et ne doivent en aucun cas être considérées comme garanties que les informations contenues se réaliseront.
L’intégralité des biographies et des photos sont disponibles sur le site www.francetelecom.com.
Nilou du Castel
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