Pierre Perrin-Monlouis Dernière mise à jour: 21 octobre 2021
La recherche de financement est l’une des tâches quasi quotidiennes du chef d’entreprises. Qu’il négocie un nouveau découvert auprès de sa banque, qu’il émette des obligations, ou encore qu’il mette en place un tour de table d’actionnaires, le financement reste le nerf de la guerre. Bons nombres d’entreprises en France tombent davantage pour une absence de capitaux que pour un concept défaillant.
Dans cette longue liste de sources de financement, il y en a une qui plait tout particulièrement aux chefs d’entreprises, mais dont elle n’est pas aisée à obtenir : les business angels. Point de banquiers ou d’actionnaires financiers, les business angels sont des investisseurs entrepreneurs. Ils aident le chef d’entreprise à la fois en apportant des capitaux mais aussi en apportant leurs compétences. Le chef d’entreprise est certes en recherche de capitaux mais un réseau de connaissances peut doper bien davantage le chiffre d’affaires d’une entreprise que quelques dizaines de milliers d’euros. Au nombre d’environ 5.000 en France, les Business Angels sont parfois qualifiés d’investisseurs providentiels. Ils sont en recherche d’entreprises innovantes, au sens large du terme, bien au delà de la seule innovation technologique. Ils veulent à la fois y investir leur argent, mais aussi l’aider à prospérer à travers leurs conseils. Réseau, expertise, conseils peuvent être apportés par ces particuliers devenus investisseurs. Il est à la fois associé financier et associé entrepreneur.
Le business angel n’a pas de profil unique. Il est multiple. Trois grandes catégories de business angels se dessinent. Le business angel a la retraite tout d’abord. Il fut chef d’entreprise, ancien cadre supérieur. Il a fait une carrière bien remplie mais il a encore soif d’entreprendre, sans les problèmes du quotidien. Il peut investir une partie de son patrimoine dans des entreprises dans lesquelles il croit. L’ancien chef d’entreprise qui vient de vendre sa PME. Il dispose d’un matelas de plusieurs millions d’euros, et cherche à rester proche du monde de l’entreprise. Il peut se placer dans plusieurs entreprises, et les aider facilement. Son expérience récente de l’entreprise sera très utile aux start ups dans lesquels il se positionne. Le dernier type de business angel est l’associé entrepreneur familial. Il constitue avec plusieurs membres d’une même famille un réseau pour investir sur des sociétés et les aider à prospérer.
Les business angels se regroupent en réseaux. Ces réseaux peuvent être géographiques (par pays, par région, voire par ville), mais aussi par secteur (nouvelles technologies, agriculture, etc.) ou encore même par affinités (femmes, anciens diplômés de grandes écoles, etc.). Ces regroupements permettent une grande émulation au sein des réseaux, et la possibilité d’avoir accès à de nombreux dossiers d’investissements, mais aussi de pouvoir apporter des capitaux plus importants à une même entreprise. Pour investir, encore faut-il savoir où investir, et tout logiquement, un business angel se dirigera vers un secteur qu’il connaît, dans lequel il a des compétences spécifiques qui aidera les entreprises. Un ancien cadre supérieur dans le secteur pharmaceutique se dirigera plus facilement dans une entreprise de biotechnologies que dans un spécialiste du sport extrême.
Mais investir dans une entreprise innovante n’est pas sans risque. Certes le business angel recherche avant tout l’aventure entrepreneuriale mais investir dès le début d’une aventure permet de générer des plus-values potentielles plus que conséquentes. Le risque de pertes est aussi des plus élevés. La revente des parts du business angel lui permettra de réinvestir dans de nouvelles sociétés, en laissant l’entreprise poursuivre son développement. Il n’est pas rare ainsi qu’un business angel quitte l’entreprise dans laquelle il a investit une fois que les gros capitaux risqueurs se sont placés. Plus rare sont les business angels qui débouclent leur investissement via une introduction en bourse.
Aux Etats-Unis, les business angels se sont développés dès 1958 avec le Small Business Investment Act. En France, ils ne sont arrivés que plus tard. Des avantages fiscaux comme l’avantage Madelin ou encore la Loi Tepa facilitent les investissements dans les PME. De plus, les fortunes faites par certains avec les start ups Internet ont été en partie réinvesties dans d’autres start ups. Toutefois, la fiscalité du capital reste encore défavorable aux business angels.
Les business angels ne sont pas apparentés au crowdfunding. Ils veulent s’investir bien davantage, et aussi en retirer des bénéfices. Les business angels aident, à leur niveau, à faire circuler l’argent. Leurs compétences dopent les entreprises qui font appel à eux, bien plus qu’un simple actionnaire.