Pierre Perrin-Monlouis Dernière mise à jour: 21 octobre 2021
Les ministres de notre République Française font partis des personnages les plus importants de notre culture. Ils proposent des lois, influencent le pays, peuvent doper un secteur économique ou au contraire bloquer toute avancée. Le politique est tel qu’il peut impacter durablement la vie de plusieurs millions de personnes d’un simple décret. Depuis des décennies, les hommes politiques tentent de diriger le pays, en orientant plus ou moins le raisonnement de l’individu lambda, qu’il s’agisse d’un particulier, d’une entreprise ou de ses propres administrations.
La fin des Trente Glorieuses a profondément perturbé le schéma classique des hommes politiques. Des années 50 aux années 70, ils n’avaient pas à se soucier de la croissance ou du taux de chômage. Ce dernier était au plus bas. Le seul réel problème était d’éviter la surchauffe de l’économie et une trop forte inflation. On est aujourd’hui bien loin de ces considérations. Les hommes politiques et plus précisément les gouvernements cherchent alors à utiliser notre capacité d’investissement global afin d’orienter l’économie. Tantôt nous pousser à consommer français, tantôt à soutenir nos PME, tantôt à consommer plutôt que d’épargner. Autant d’incitations qui vont dans un sens ou dans l’autre au gré des changements gouvernementaux.
Mais ces ministres, qui, communiqués de presse après déclarations TV, nous gouvernent, appliquent t-ils les règles et les principes qu’ils s’empressent de prodiguer ? L’Affaire Cahuzac, si elle doit avoir un mérite, a permis la transparence affichée du patrimoine de nos gouvernements. La mission de vérification a été confiée à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Politique ou HATVP. Cette dernière nous informe ainsi régulièrement du patrimoine de nos ministres. Etudions de plus près quelques déclarations de patrimoine datant du 19 décembre 2014.
Manuel Valls, Premier Ministre
Premier Ministre depuis avril 2014, Manuel Valls est un politicien avant tout. Il aime l’entreprise dit-il. Mais son patrimoine n’en porte pas trace. Son patrimoine est constitué quasi exclusivement d’actifs immobiliers, financés à crédit. Point de portefeuilles d’actions cotées, point de parts sociales dans une PME. Le Premier Ministre a bien quelques milliers d’euros d’épargne mais répartis en assurance vie, en comptes courants et en plan d’épargne.
On ne pourra toutefois pas dire qu’il ne consomme pas, au vu de son épargne. En effet, le Premier Ministre gagne presque 15.000 euros brut par mois. Une somme bien supérieure à son épargne déclarée.
Emmanuel Macron, Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique
Son arrivée à la tête du Ministre de l’Economie, en remplacement d’Arnaud Montebourg, a fait couler beaucoup d’encre. Il est le symbole du tournant libéral du nouveau gouvernement Valls. Mais son patrimoine et ses revenus ont aussi fait jaser. Ancien associé à la Banque Rothschild, il a accumulé en 18 mois une petite fortune, qu’il a placé essentiellement dans un appartement parisien acheté près de 900.000 euros. Ses comptes courants sont plus qu’approvisionnés avec plusieurs dizaines de milliers d’euros, mais c’est l’un des très rares ministres à détenir des actions. Ainsi son PEA est pourvu de plus de 50.000 euros. Un montant certes inférieur à son assurance vie (plus de 85.000 euros), mais plus que rare dans le monde politique pour être signalé. Il fait également fructifier ses liquidités en détenant des OPCVM monétaires. Toutefois, malgré ces revenus élevés (de plusieurs centaines de milliers d’euros), il a du contracter un prêt pour sa résidence principale, et plus compliqué à comprendre, un prêt pour des travaux dans sa résidence secondaire qui ne figure pas dans le reste de sa déclaration de patrimoine.
Michel Sapin, Ministre des finances et des comptes publics
Michel Sapin n’est pas apparu sur la scène politique hier, et son patrimoine reflète son âge. Ainsi, que ce soit par succession ou par acquisition, il détient un patrimoine immobiliser estimé à plus d’1,7 millions d’euros, et des dettes relatives uniquement à un prêt travaux et à une prestation compensatoire. Anecdote amusante, il signale une collection de pièces de monnaies pour un total de 30.000 euros.
On peut s’attendre avec une telle carrière qu’il ait placé une part non négligeable de son patrimoine en épargne sécurisée, voire en actions, pour y apporter une rentabilité supplémentaire, il n’en est rien. Michel Sapin ne détient qu’un peu plus de 17.000 euros sur deux comptes courants. Autant dire une misère pour quelqu’un qui gagne depuis sa présence dans les différents gouvernements nommés pas François Hollande, près de 10.000 euros par mois.
Christian Eckert, Secrétaire d’Etat chargé du budget
Notre secrétaire d’Etat au budget ne déroge pas à la règle. L’essentiel de son patrimoine est concentré dans l’immobilier, de toute nature (immeubles, maisons, appartement), sous tout régime juridique (bien commun, SCI) et détenu soit par acquisition, soit par succession. Et le tout pour un total de plus d’1,2 million d’euros. Rien d’étonnant donc jusque là. Des dettes, principalement de travaux, pour financer tout cela. Le reste de son épargne est logé dans une assurance vie. A noter toutefois que Christian Eckert détient un compte titres auprès de la Banque de France, d’une valeur estimée à 8.500 euros.
En nous basant sur ces seules déclarations de patrimoine, pouvons nous pour autant faire ressortir les traits saillants du type de gestion d’un ministre socialiste ? Il faut déjà aimer la pierre. Si vous avez un patrimoine, vous devez avoir de l’immobilier. C’est aussi le trait saillant du français classique. D’abord acheter sa maison, et ensuite développer son patrimoine. L’assurance vie reste le placement financier préféré des français, mais aussi des ministres. Il y loge une grande part de leur épargne à long terme. Par contre, et un peu comme les français -mais ces derniers ne nous font pas la leçon du soir au matin-, les ministres n’aiment pas les marchés boursiers. Ils n’investissent pas dans les PME ni dans nos multinationales. Leurs prises de risque sont plus que limitées, et alors qu’ils créent des nouvelles places boursières pour permettre aux PME de se financer, ils n’y investissent quasi rien.
Dernier point, et non des moindres, une épargne de court terme des plus limités. Que le français moyen soit à découvert le 20 du mois est chose quasi courante malheureusement, mais qu’un ministre particulièrement exposé, voire même le premier ministre ne dispose même pas d’un mois de salaire en épargne, cela a de quoi poser des questions. Vendent-ils des appartements pour financer l’achat d’une nouvelle voiture ? Autrement dit, conserver une si faible épargne disponible est plus que risquée dans ces temps de fort chômage. Nous ne serions que leur conseiller de diversifier davantage leur patrimoine.
Investir comme un ministre consiste donc le plus souvent à consommer énormément, à placer un peu, et à acquérir des biens immobiliers avec des prêts de plusieurs centaines de milliers d’euros. C’est un style de gestion où une certaine garantie des revenus est exigée, sans quoi, le politicien sera rapidement dans l’obligation de céder ses biens immobiliers.