EduBourseNon classéJunk Bond, un oublié de retour ?

Junk Bond, un oublié de retour ?

Pierre Perrin-Monlouis Dernière mise à jour: 21 octobre 2021

Junk bonds, l’expression fut très à la mode et enflamme encore beaucoup de débats économiques bien des décennies après son âge d’or. Les junk bonds ou obligations pourries ou encore High Yield Debts ne sont rien d’autres que des obligations. Mais ces obligations ont cela de particulier qu’elles affichent des rentabilités bien supérieures aux obligations classiques, avec des risques qui sont aussi très au-delà des risques ordinaires.

Les obligations pourries tirent leur origine des années 70 et de la difficulté de certaines PME américaines à obtenir des crédits des banques. Faute de pouvoir financer leur développement, ces PME ont trouvé dans les junk bonds, un moyen coûteux mais qui a le mérite d’exister. Dans le même temps, les grandes institutions financières que sont les compagnies d’assurance par exemple, recherchaient des rentabilités plus élevées que les simples placements ordinaires. Plusieurs banques d’affaires ont décidé de faire se rencontrer cette offre et cette demande, et parmi elles, la Drexel Burnham Lambert qui en fut rapidement le leader. Michael Milken de la Drexel avait écrit les contours de cette nouvelle classe d’instruments financiers que sont les junk bonds. Les PME y trouvaient les capitaux nécessaires, et les institutions financières pouvaient doper la performance de leur placement. Ce taux d’intérêt très élevé s’explique alors par un risque naturellement plus élevé. Une grande société a d’avantage de chances de rembourser ses dettes qu’une PME.

Les junk bonds sont ainsi classées par les agences de notation. Elles ont le grade de speculative, et selon l’agence, elles peuvent avoir une note inférieure à Baa3 (Moody’s) ou BBB- (S&P, et Fitch Ratings). Elles ont une durée de vie de 5, 7 ou 10 ans.

Après un premier placement en 1977 par la banque Bear Stearns, les années 80 et leurs dérives ont rapidement fait disparaître les bonnes intentions initiales sur les junk bonds. Autrefois utilisées pour financer les PME, les obligations pourries se retrouvaient de plus en plus à financer des OPA et LBO à très hauts risques. L’objectif pour ces raiders était simple. Obtenir des prêts auprès d’institutions financières. Les très forts taux d’intérêts exigés se devaient d’être rapidement remboursés en démantelant l’entreprise rachetée et en ne conservant que les éléments les plus rentables. Ces opérations de plusieurs milliards de dollars ont propulsé les junk bonds sur le devant de la scène. Ainsi, en 1983, plus d’un tiers des émissions d’obligations était fait d’obligations pourries.

Mais les scandales financiers et la crise de 1989 eurent raison des junk bonds. Le pape des junk bonds, Michael Milken fut ainsi condamné à 10 ans de prison, et les junks bonds ont fini par disparaître au profit d’autres instruments financiers tels que les CDs. Mais la crise financière de 2008 et la crise grecque de 2010 ont relancé l’intérêt pour les obligations pourries devenues depuis High Yield Debt. En effet, la dette de la Grèce était ainsi placée au niveau d’une obligation pourrie. Il en fut de même pour certaines entreprises qui avaient vu leurs notations fortement s’éroder.

Les junk bonds ont connu leur heure de gloire dans les années 80, et aujourd’hui, bien que la crise de la dette des années 2010 puisse s’expliquer par des emprunteurs insolvables.

Pierre Perrin-Monlouis
Pierre Perrin-Monlouis
Fondateur de Rente et Patrimoine (cabinet de gestion de patrimoine), Pierre Perrin-Monlouis est un analyste et trader pour compte propre. Il vous fait profiter de son expérience en trading grâce à ses analyses financières et décrypte pour vous les actualités des marchés. Son approche globale des marchés combine à la fois l'analyse technique et l'analyse fondamentale sur l'ensemble des marchés : crypto, forex, actions et matières premières.
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