Pierre Perrin-Monlouis Dernière mise à jour: 21 octobre 2021
Développé par John Maynard Keynes (1883-1946), célèbre économiste britannique, le Keynésianisme est une école de pensée économique. Il a notamment connu son heure de gloire aux Etats-Unis, à l’époque du New Deal et de la crise de 1929. Les Etats-Unis ont ainsi mis en place une politique de grands travaux afin de relancer la croissance, et diminuer le chômage. Le principe du Keynésianisme va à l’encontre des grandes théories classiques. Pour Keynes, le marché ne peut tout réguler à lui tout seul. Les marchés n’étant ni purs ni parfaits, il est nécessaire de les aider afin de parvenir à une meilleure optimisation de l’économie. Les keynésiens pensent donc que l’intervention de l’état dans le domaine économique est essentiel, surtout en ce qui concerne les politiques de relance de l’économie. La main invisible d’Adam Smith qui régule l’offre et la demande, est incapable de régler le problème du chômage ou de la croissance, et la loi de Saw est imparfaite.
Aujourd’hui, selon les pays, les modèles keynésiens diffèrent de manière plus ou moins prononcée. Le courant le plus présent à travers le monde est le néo-keynésianisme, c’est à dire la nouvelle économie keynésienne. Dans certains pays comme la France, le post-Keynésianisme continue cependant d’avoir une influence plus ou moins prononcée. Le poids de l’Etat dans l’économie est telle que l’économie dépend en grande partie des investissements étatiques.
La théorie de Keynes repose sur six axes forts, développée au sein du livre Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie écrit en 1936. D’une part, trois principes liés au fonctionnement de l’économie.
La demande agrégée est erratique : la demande peut évoluer rapidement dans un sens et dans l’autre sans que celle-ci ne puisse être prévue facilement ;
Les inflexions de la demande ont une plus grande influence sur la production et l’emploi que sur les prix : si la demande diminue fortement, les offreurs auront tendance à ralentir la production plutôt qu’à baisser le prix des biens ;
Les prix et les salaires réagissent lentement au changement de l’offre et de la demande : les prix des biens, et les salaires sont des données relativement statistiques. Leur flexibilité reste faible, et n’évolue pas aussi vite que le pensait les économistes néo classiques.
D’autre part, trois règles liées aux politiques économiques.
Le niveau usuel de l’emploi n’est pas idéal car il est sujet à la fois aux caprices de la demande et à des ajustements des prix trop lents. Ainsi le plein emploi n’est pas automatique, et les périodes de sous emploi peuvent être chroniques;
Il est donc nécessaire de mettre en place des politiques de stabilisation de ces facteurs. Ainsi l’Etat favorise l’emploi en jouant sur l’offre, la demande, les prix, et les salaires;
Il faut préférer les politiques visant à soutenir l’emploi et non celles visant à lutter contre l’inflation. Il peut être ainsi plus profitable de laisse filer les prix à la hausse tant que le chômage se réduit.
Comme vous l’aurez sûrement constaté, les principes keynésiens relatifs aux politiques économiques découlent directement des axes traitant de l’économie en elle-même.
Keynes a développé sa théorie entre la première et seconde guerre mondiale, et alors que le monde économique découvrait sa première crise mondiale : la crise de 1929. Un taux de chômage élevé et un sous-emploi chronique expliquent en grande partie la théorie keynésienne. J.M. Keynes constate que l’offre ne créé pas la demande. L’augmentation des stocks des entreprises, et de fortes capacités de production ne stimulent pas suffisamment l’économie pour relancer la demande. Il estime donc que la demande effective est le principal vecteur de développement de l’économie. Cette théorie ne s’applique donc pas aux périodes de plein emploi. Lorsque le taux de chômage est proche de son taux structurel, les salaires augmenteront naturellement et doperont la croissance de la demande. La théorie de Keynes est une théorie essentiellement macro-économique car elle étudie les plus grands agrégats, que sont l’offre, la demande, le chômage ou encore l’inflation.
Enfin, il est important de noter que la perception du Keynésianisme varie fortement d’un pays à l’autre. En effet, selon les convictions des économistes qui ont introduit ce courant économique dans tel ou tel pays, selon les traditions politiques de ces derniers ou même selon les conditions de l’environnement économique, le Keynésianisme est interprété de différentes manières. En France par exemple, le Keynésianisme est souvent associé au Colbertisme car il a été introduit par les hauts fonctionnaires. Dans ce cas précis, de nombreuses assimilations sont faites entre colbertinisme et keynésianisme dans le sens où c’est au gouvernement de diriger le capitalisme. Au contraire, aux États-Unis, le Keynésianisme est plutôt vu comme un courant socialo-libéral où les citoyens ont une liberté d’action plus importante par rapport à l’administration publique. Toutefois, il est aussi reconnu outre-Atlantique que le gouvernement influe de manière plus ou moins directe sur la conjoncture et oriente l’évolution économique future du pays. La politique de New Deal des années 30 repose clairement sur une politique keynésienne de relance par la consommation (ou demande).
La crise financière de 2008 qui débouche aujourd’hui sur une crise économique majeure mondiale a relancé les théories keynésiennes à travers le monde. Les économistes prônant Keynes se sont retrouvés en contradiction directe avec les économistes prônant l’austérité et le retour à un équilibre budgétaire avant une éventuelle relance de la demande. Dans tous les cas, le keynésianisme semble être encore promis à un bel avenir tant les périodes de plein emploi ne semblent pas être prévues dans les années à venir.