Pierre Perrin-Monlouis Dernière mise à jour: 21 octobre 2021
Souvent présenté comme le père des Sciences économiques modernes, Adam Smith n’était pourtant à l’origine qu’un simple philosophe. Né en 1723 et décédé en 1790, cet économiste écossais, Adam Smith, est connu aujourd’hui à travers son dernier ouvrage la Richesse des Nations paru en 1776. Il y décrit comment une multitude de comportements égoïstes favorise la société dans son ensemble, bien au delà du simple individu.
En 1776, Adam Smith publie An inquiry into the nature and the causes of the wealth of nations ou Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Selon lui, les comportements et les intérêts personnels agissent favorablement sur la collectivité. A savoir qu’un comportement totalement individuel aura un impact positif sur la collectivité. Prenons l’exemple d’un boulanger. Il produira un pain de qualité. Non pas pour plaire simplement à ses clients, mais surtout pour vendre davantage de produits. En cherchant à vendre plus, le boulanger proposera un produit de meilleure qualité ou avec un prix plus faible. Son objectif est de gagner davantage d’argent, et non de satisfaire la collectivité. Ainsi, l’intérêt personnel du boulanger, à savoir gagner plus d’argent, va favoriser la collectivité. Les clients auront un pain moins cher ou de meilleure qualité. Cette théorie peut s’appliquer à tous les secteurs, et notamment les commerçants. En travaillant pour eux, ils travailleront davantage et mieux que s’ils travaillent seulement pour la collectivité. L’altruisme ou la bienveillance seraient alors moins favorables à la collectivité que l’égoïsme. Cette recherche individuelle du gain entraînera un gain pour la collectivité.
Cette pensée libérale du Gagnant-Gagnant ou Win-Win a été reprise de multiples façons par les économistes postérieurs à Adam Smith. Fortement critiquée mais aussi enrichie au fil des années, la main invisible est devenue l’une des théories économiques les plus connues.
De la main invisible, découle notamment des interventions limitées de l’Etat. Chaque acteur agissant pour son bien propre, l’Etat n’a pas d’intérêt à intervenir pour orienter la société dans un sens ou dans l’autre. Toutefois, Adam Smith précise que l’Etat devra tout mettre en oeuvre pour favoriser la main invisible. Il s’agit par exemple de la fourniture d’énergies ou de transports fiables. L’Etat se cantonne alors au développement des seules infrastructures, en ne cherchant pas à soutenir un secteur d’activités par exemple. L’Etat doit être là pour accompagner les comportements individuels en évitant tout frein ou obstacle.
Toutefois, bien qu’Adam Smith trouvait tout un tas d’avantages au libre échange, la théorie de la main invisible peut être largement critiquée en cas de libre circulation des marchandises et du libre investissement. Prenons toujours l’exemple de notre boulanger. Ce dernier risque de se diriger vers une farine d’importation s’il y trouve un intérêt financier. La collectivité bénéficiera certes d’un pain moins cher mais au détriment du producteur local de farines. Le protectionnisme est alors une des réponses à cette main invisible, avec toutes les conséquences que cela implique. Les comportements égoïstes d’un pays peuvent ainsi favoriser la production d’un autre pays. Le protectionnisme est utilisé pour contrecarrer ces dérives du libre échange, mais elles sont le plus souvent limitées à quelques secteurs d’activité. Les mesures protectionnistes entraînent aussi des contre-mesures des autres pays, et réduisent ainsi le libre-échange dans son ensemble.
Adam Smith a révolutionné la science économique avec la main invisible. Ce philosophe est toujours lu, apprécié et critiqué de nos jours, plus de 300 ans après sa mort.