Marché de l’Or : le renouveau ?

21 octobre 2021 Pierre Perrin-Monlouis

Depuis bien des décennies, l’or a un statut particulier dans le patrimoine des français. Il fascine par son éclat tout autant qu’il symbolise la richesse. Mais l’or a été maltraité des années à cause d’une fiscalité des plus désavantageuses, au point que le marché de l’or parisien a disparu en 2004. Mais en décembre 2005, l’or trouve enfin sa place.

l’Or dans le monde

Plusieurs places sont devenues spécialisées dans les transactions de l’or. La place parisienne ne l’est plus depuis 2004 en ayant abandonné son marché libre de l’or. Les principaux marchés sont ceux de New York (New York Mercantile Exchange ou NYMEX), Londres (London Bullion Market), Toronto, Zurich, Luxembourg ou encore Johannesbourg. Logiquement les marchés sont près des principales productions. Ainsi les dix premiers producteurs d’or sont l’Afrique du Sud, les Etats-Unis, l’Australie, la Chine, la Russie, le Canada, le Pérou et l’Indonésie. Mais l’Afrique du Sud reste de très loin la plus grande réserve d’or du monde.

A chaque marché ses spécificités. Ainsi certains échangent des lingots d’1 kilo, d’autres des barres de 12,5 kilos. Les pièces ne sont plus échangeables pour certaines bourses, et pour d’autres l’or peut s’échanger sous format papier comme en France depuis novembre 2005. L’or se calcule en once et en dollar. Une once d’or équivaut à 31,1034668 grammes.

Pourquoi les prix de l’Or évoluent ?

L’or est l’une des rares matières où les stocks sont très nettement supérieurs à la production annuelle. On estime que près de 150.000 tonnes d’or ont été extraites du sous-sol. En effet, d’importantes réserves d’or existent, notamment dans les banques centrales, et l’or est rarement perdu définitivement. Une fois utilisé, il peut être refondu. Un bijou, ou un composant informatique composé d’or, peut être fondu pour être remis sur le marché.

Depuis la fin de la convertibilité du dollar en or en 1971, le marché de l’or a profondément évolué. Il a toujours été jugé comme une valeur refuge mais bons nombres de facteurs font fluctuer son prix.

les stocks d’Or des Banques Centrales : chaque banque centrale détient un stock d’or. Par le passé, tout citoyen pouvait se voir rembourser ses billets en or. Aujourd’hui, le plus important stock d’or se trouve à New York dans les locaux de la Réserve Fédérale, et non à Fort Knox dans le Kentucky. Mais les Banques Centrales ont aussi le pouvoir d’acheter, et de surtout de céder, une partie de ce stock. La vente de plusieurs centaines de tonnes d’or peut ainsi influer sur le marché. C’est d’ailleurs pourquoi les banques centrales se fixent des limitations lors des accords de Bâle par exemple;

la demande : l’or a une utilité. Il n’est pas là que pour être stocké. L’orfévrerie et l’industrie utilisent en effet beaucoup d’or. L’industrie s’en sert principalement dans les composants informatiques (l’or étant un très bon conducteur d’électricité) ou la dorure. 10% de l’or extrait est destiné à l’industrie. Si la demande s’accroît, compte tenu de la stabilité de la production d’une année sur l’autre, les prix augmentent;

le volume de la production : la ruée vers l’or est belle et bien révolue. Il ne faut plus uniquement se baisser pour trouver une pépite. Les techniques d’excavation sont de plus en plus complexes et couteuses. Le volume produit ne chute pas, mais les coûts augmentent;

la spéculation : quand les marchés financiers vont mal, l’or semble être la solution. En effet, l’or est toujours associé à une valeur refuge. Les investisseurs fuient les actions qui baissent et se rabattent sur l’or.

Fiscalité de l’Or en France

Les français aiment l’or. Les particuliers en auraient ainsi plusieurs milliers de tonnes dans leur bas de laine, plus que les réserves de la Banque de France. Mais la France n’était pas connue pour favoriser ce métal. Ainsi jusqu’en 2006, l’or était taxé à chaque… transaction. Cette taxe originale n’a cessé de s’accroître depuis sa création, le 1er juillet 1977, passant de 4% à 8% (avec la CRDS). Ainsi si vous vendiez pour 10.000 euros d’or, vous deviez obligatoirement vous acquitter d’une taxe de 8%, soit 800€. Cette taxe confiscatoire était si mal perçue que bons nombres de transactions se déroulaient illégalement, évitant ainsi toute imposition.

En 2006, le législateur a compris son erreur et a souhaité inverser la tendance et rendre à l’or son statut de valeur échangeable. Chaque vendeur a désormais le choix entre la taxation à 8% ou la taxation habituelle des plus-values sur valeurs mobilières. Pour cette option, le vendeur devra toutefois prouver la date d’achat ainsi que le montant de l’achat, nécessaire pour calculer la plus-value. Toutefois, dans certains cas, il n’est pas toujours possible de déterminer avec précision la date d’achat. Le législateur a donc prévu une décote de 10% par an à partir de la troisième année. Autrement dit, aucune imposition n’est prévue pour de l’or détenu depuis plus de douze ans, quelque soit le prix d’achat. Toutefois le seuil de cessions, applicable sur les actions, de 15.000 euros n’est pas en vigueur sur l’or.

Cette nouvelle fiscalité devrait permettre un renouveau du marché aurifère en France, même si ce dernier a souffert encore un peu plus avec la disparition du marché libre de l’or en 2004.

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Trader & Analyste Financier
Fondateur de Rente et Patrimoine et à la tête du service Bourse Trading, il vous fait profiter de son expérience en trading grâce à ses analyses financières et décrypte pour vous les actualités des marchés. Son approche globale des marchés combine à la fois l'analyse technique et fondamentale.