21 octobre 2021 Pierre Perrin-Monlouis
Le pétrole est l’une des matières premières les plus importantes au XXème et surement au XXIème siècle. Mais le pétrole a aussi son organisation : l’OPEP. L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (ou Organization of Petroleum Exporting Coutries – OPEC) est née au milieu du XXème siècle pour décider d’une position commune de politique énergétique entre les pays exportateurs. Au fil des années, l’OPEP a su montrer à la fois ses points forts mais aussi ses limites.
Créée le 14 septembre 1960, lors de la Conférence de Bagdad, à l’initiative du Shad d’Iran mais aussi du Vénézuela, l’OPEP est destinée à décider d’une politique énergétique commune et ainsi de lutter contre la faiblesse des prix du pétrole. A l’époque, le pétrole se situe aux environs des 5$ le baril. Cinq pays sont alors membres de cette association : l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak, le Koweït et le Venezuela. Siégant à Genève en Suisse à l’origine, le siège a été transféré dès le 1er septembre 1965, à Vienne en Autriche.
Cette association très clairement orientée vers le Moyen Orient à ses débuts, a ensuite accueilli d’autres membres de tous les continents. Certains membres ont même intégré l’OPEP avant d’en sortir quelques années plus tard (Equateur, Gabon). Le groupe compte aujourd’hui 13 membres, mais l’Indonésie a annoncé son retrait pour fin 2008. Le pays est devenu en effet importateur net, et non plus exportateur. Les 13 pays membres en 2008 sont ainsi : Algérie, Angola, Libye, Nigeria, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Irak, Iran, Koweït, Qatar, Equateur, Vénézuela, et l’Indonésie jusqu’à fin 2008.
Le faible cours du baril de pétrole dans les années 60 est donc un facteur déclenchant de la création de l’OPEP. A l’époque, les compagnies pétrolières cumulaient les métiers d’extracteur, de raffineur et de distributeur pétrolier. Les prix étaient fixés par ces derniers et la faiblesse du pétrole a permis à l’économie américaine et mais aussi européenne de très fortement se développer. A l’époque la demande pétrolière augmentait de 7% par an, alors que le prix du baril chutait. Le baril est l’unité standard du pétrole. Il correspond à 159 litres et se cote notamment sous le mnémonique XWTI pour le cours spot.
Mais l’OPEP reste peu écoutée à sa création, les moyens de production étant aux mains des compagnies pétrolières. D’importantes vagues de nationalisations sont donc décidées pour pemettre aux pays pétroliers de reprendre le contrôle du marché du pétrole, avec à son paroxisme la crise pétrolière de 1973. L’OPEP décide en effet de mettre les pays soutenant Israèl, alors en pleine guerre, sous embargo. Les prix sont multipliés par 4 pendant plusieurs mois. L’OPEP marque ainsi son pouvoir. Les économies occidentales avouent leur dépendance énergétique vis à vis des pays exportateurs. Cette crise explique en grande partie la politique du “tout nucléaire” en France.
En 1982, afin d’asseoir un peu plus sa position, l’OPEP décide de mettre en place des quotas. Ces quotas sont devenus un facteur important des niveaux de prix du pétrole qui désormais sont liés à l’offre et à la demande, et non plus seulement aux bonnes volontés des compagnies pétrolières. Mais les quotas restent surtout limités à l’Arabie Saoudite. En effet, les autres pays, souvent endettés, produisent au maximum de leur capacité. Une baisse des quotas se traduit donc souvent par une baisse de production de l’Arabie Saoudite.
Les limites de l’OPEP
Mais l’OPEP est loin d’être une association toute puissante. Ainsi, si 74,9% des réserves prouvées en 2004 sont situées dans des pays membres de l’OPEP, la proportion de la production mondiale est inférieure à 50%. Cette part ira logiquement en grandisant avec la diminution des réserves mondiales. En effet, l’Arabie Saoudite détenait en 2004, 22,1% des réserves prouvées.
Le 17 février 2008, l’Iran a développé un marché pour son pétrole. Ce marché, la Bourse Internationale Iranienne, permet des transactions en plusieurs monnaies, sauf le dollar. A défaut d’être en concurrence directe avec l’OPEP, cette organisation pourrait diminuer l’hégémonie du dollar sur les marchés pétroliers. La monnaie américaine est en effet la monnaie d’échanges du pétrole.
L’OPEP est donc ainsi pris entre deux acteurs : les pays producteurs qui souhaitent voire les prix monter pour réduire leurs dettes, et les pays importateurs qui souhaitent voir un prix du baril plus bas pour leur économie. Du côté de la demande, cette dernière ne cesse d’augmenter avec la très forte croissance du marché chinois. L’OPEP reste donc un acteur incontournable avec ses limites.