Sélectionnez vos investissements

21 octobre 2021 Pierre Perrin-Monlouis

Vous avez décidé de vous lancer et d’investir en bourse. Vous avez accumulé un petit pécule destiné exclusivement à vos futurs investissements boursiers. La question, cruciale s’il en est, est de savoir sur quels titres vous allez vous positionner. Certes vous souhaitez acheter des actions, mais lesquelles ? Le marché parisien dans son ensemble comporte plusieurs centaines de valeurs, et désormais rien ne vous empêche d’investir sur les places boursières étrangères. Il convient donc d’être très sélectif. Il n’est pas question d’acheter une action de chaque titre. Le problème est de sélectionner avec soin les valeurs qui vous apporteront Amour, Gloire et Beauté ou plus prosaïquement plus-values. Nous allons donc étudier dans ce chapitre les différentes méthodes pour sélectionner vos titres.

Avant de sélectionner les titres sur lesquels vous désirez investir, il convient de définir votre stratégie d’investissement. Tout investisseur, petit porteur, actionnaire potentiel ou juste passionné de bourse, doit avoir sa propre stratégie d’investissement. De cette stratégie d’investissement, dépendra à la fois votre rentabilité future et la façon dont vous ferez face aux éventuelles crises boursières. Posons-nous ces quelques questions afin de définir votre stratégie :

Pouvez-vous vous passer définitivement de l’argent que vous investissez en bourse ?
Cette question peut vous sembler bizarre, mais elle permet de connaître votre résistance aux crises. L’argent que vous investissez en bourse ne doit pas être de l’argent qui est destiné à l’achat d’une maison l’année suivante ou bien encore d’un placement que vous désirez effectuer pour quelques mois. La bourse ne doit s’envisager que pour le long terme, voire le très long terme. Si vous investissez sur le court terme, considérez que l’argent que vous avez investi n’est plus. Un krach inopiné peut diviser par deux ou trois le montant de votre investissement. Seul le long terme permet de récupérer cette éventuelle perte. Il est donc important de savoir si vous pouvez vous passer des sommes investies. En bourse, l’important n’est pas de perdre ou gagner (bien que gagner soit nettement plus enrichissant financièrement parlant), mais de ne pas perdre plus que ce que vous pouvez. En investissant sur le long terme, votre sélection de valeurs en sera modifiée d’autant. En lieu et place de sélectionner deux ou trois valeurs par semaine, vous n’aurez que deux ou trois valeurs à sélectionner par an.

Diversifiez !
Sur les marchés financiers, il existe deux types de risques : le risque de marché ou risque systématique, et le risque lié à l’entreprise ou risque spécifique. Il faut savoir que la performance de votre portefeuille dépendra davantage de la rentabilité du marché que de la rentabilité des actions individuellement. Ainsi il n’importe pas tant d’avoir des actions à fort potentiel que d’être investi quand le marché est dans une tendance haussière.

En achetant des actions d’une société cotée, vous avez le risque de voir la société faire faillite, de voir le chiffre d’affaires s’effondrer ou bien encore de voir une usine brûler. Alors que dans le même temps, le marché dans son ensemble ne risque pas de faire faillite, et le chiffre d’affaires global n’a que peu de chance de s’effondrer. La seule façon de diminuer le risque spécifique est de diversifier son portefeuille. Plus vous avez de lignes d’actions dans votre portefeuille, plus la malchance d’avoir un titre dont la société fait faillite augmente, mais plus cette perte potentielle est diluée avec les autres valeurs. Ainsi en gérant un portefeuille de 10 à 15 lignes, vous diminuez sensiblement votre risque spécifique au profit d’un risque systématique auquel vous ne pouvez échapper. Prenons l’exemple d’Octobre 1987. Toutes les valeurs ont fortement chuté quel que soit leur secteur d’activité. Ainsi même si vous aviez les meilleures actions du moment. Elles ont vraisemblablement chuté aussi.

Cheminement des sélections de valeurs pour les gestionnaires de portefeuilles
Lors de leur sélection d’investissements, la majorité des gestionnaires de portefeuilles ne recherche pas en premier lieu une valeur qui superformera le marché, mais :

Une sélection d’actifs financiers : Le particulier devrait agir de la même façon que le gestionnaire de portefeuilles, mais les sommes en jeu sont rarement les mêmes. Ainsi le gestionnaire pourra plus aisément investir son portefeuille en bons du trésor américain ou en obligations russes qu’un simple particulier. Dans cette étape, il calcule une répartition optimale de son portefeuille en fonction de la nature des investissements à réaliser (actions, obligations, monétaire, immobilier…). S’il redoute une baisse des actions, il investira une plus grand part de son portefeuille en obligations. Ainsi, s’il anticipe une hausse des taux d’intérêts, il se dirigera plus naturellement vers des obligations à taux variables au détriment des actions. Le petit porteur restera quant à lui le plus souvent axé sur les actions, et devra donc choisir des titres qui ne sont pas endettés à taux variables.

Une sélection des secteurs : Une fois la répartition des actifs effectuée -estimons à 60% d’actions dans la composition de notre portefeuille-, le gestionnaire choisira les secteurs qui devraient superformer le marché. Il pourra ainsi choisir le secteur pétrolier, automobile, ou bien BTP, ou encore le secteur des valeurs Internet. Ces choix sont dictés par des analyses sectorielles réalisées le plus souvent par des analystes financiers. En effet, il est rare qu’une entreprise ait une croissance très différente de celui de son secteur. Certes une société peut sous performer ou sur performer son secteur, mais cela reste rare qu’une société fasse faillite dans un secteur en forte croissance. Le choix du secteur influence donc grandement la performance de votre portefeuille. Pour notre exemple, supposons que notre gestionnaire décide d’investir 10% de son portefeuille Actions dans le secteur des Valeurs Internet.

Une sélection géographique : La sélection géographique peut être menée en parallèle à la sélection des secteurs. Elle amène le gestionnaire à choisir entre les différentes places boursières. La mondialisation des marchés financiers suit la mondialisation de l’économie. Un dirigeant peut acheter en Chine pour fabriquer au Maroc et vendre comme au Maroc. Les investissements sont ainsi mondiaux et des centaines de milliards peuvent changer de pays en quelques jours. Le gestionnaire devra choisir entre Wall Street, les pays émergents, la bourse de Paris, ou bien encore Tokyo. Les valeurs composant chacune de ces places sont différentes. Pour résumer, la bourse de Paris accueille principalement des sociétés dont le siège est situé en France.

Une sélection de valeurs : C’est la sélection sur laquelle les particuliers passent le plus de temps, ainsi que les gestionnaires de portefeuilles. Mais l’essentiel de la rentabilité d’un portefeuille est réalisée avec les trois premières sélections. La sélection de valeurs ou stock pricing n’a pas une importance vitale dans la rentabilité d’un portefeuille. Ainsi supposons que notre gestionnaire décide d’allouer 10% de son portefeuille Internet à Yahoo ! Les titres Yahoo représentent donc 10% (Yahoo) × 10% (Valeurs Internet) × 60% (Actions) = 0,6% de la totalité de son portefeuille. Ceci explique en grande partie la chute d’Alcatel en 1998. La part d’Alcatel dans le portefeuille des gérants américains était si faible que le fait de vendre en prenant une perte de 50% n’affectait pas la rentabilité globale de leurs investissements. Toutefois, la sélection de valeurs est sans doute la partie la plus intéressante. Dénicher la perle rare est une pratique des plus valorisantes.

Dans notre exemple de sélection, nous n’avons étudié volontairement qu’un seul acteur, le gestionnaire de portefeuilles. Mais ce dernier n’intervient le plus souvent que dans la sélection de valeurs. Les autres décisions sont décidées le plus souvent par des comités stratégiques. Le gestionnaire de portefeuilles se doit alors de sélectionner les valeurs correspondant aux critères qui lui auront été fixés.

Où trouver des conseils ?

Concernant les conseils, on peut dire que l’investisseur particulier n’est pas laissé seul. Il y a même surabondance de conseils. En suivant la totalité des conseils provenant de toutes les sources d’informations, on peut même supposer que vous deveniez acheteur de toutes les sociétés cotées, et peut être même vendeur ! La sélection des conseils peut prendre, dans certains cas, plus de temps que la sélection de valeurs elle même. Il est donc utile de limiter ses sources de conseils.

Toutefois il ne faut pas oublier que “les conseilleurs ne sont pas les payeurs“. Ne suivez pas aveuglément un conseil. Faites vous votre propre opinion du titre avant de l’acheter. En vous forgeant votre propre opinion, vous aurez plus de facilité à défendre votre position.

Et pourquoi ne pas chercher les valeurs qui baisseront ?

Dans les années haussières, le nombre de valeurs en baisse reste assez limité : 10%, 20%, 30%… Pourquoi donc plutot que de chercher LA valeur qui va gagner 500%, déceler les valeurs qui sous-performeront le marché et en fin de compte baisseront la rentabilité de votre portefeuille ? Il est parfois plus simple de supprimer quelques pertes potentielles à venir que de déceler LA pépite. Dénicher le canard boiteux et dénicher le secteur d’avenir.

La constitution de votre portefeuille boursier est donc une véritable gymnastique de l’esprit. Vous devez à la fois avoir une vision globale des marchés, et une vision très pointue de chacune des valeurs. Cette recherche est certes complexe mais passionnante.

Photo of author
Trader & Analyste Financier
Fondateur de Rente et Patrimoine et à la tête du service Bourse Trading, il vous fait profiter de son expérience en trading grâce à ses analyses financières et décrypte pour vous les actualités des marchés. Son approche globale des marchés combine à la fois l'analyse technique et fondamentale.